Lifeforce

Tobe Hooper, Royaume-Uni, 1985, 111 min.

Lorsque Tobe Hooper, le réalisateur de « The Texas Chainsaw Massacre », s’associe à Dan O’Bannon, le scénariste de « Alien », pour le film de vampire « Lifeforce », il y a quand même peu de chance que ça se passe mal. Le problème réside dans l’équation à laquelle il faut ajouter les producteurs Menahem Golam et Yoram Globus, deux fossoyeurs de la série B hollywoodienne. Avec leur boîte de production, la célèbre Cannon, ils ont à leur actif plusieurs gros hits bisseux made in 80’s, entrés dans la postérité pour de mauvaises raisons. Adeptes du projet pas cher qui rapporte un max, ils ont contribué à mettre en place un système d’exploitation sans grand intérêt pour le cinéma.

Des scientifiques observent incrédules le corps d'une victime d'une vampire de l'espace.
« Un vampire? Un Mort-vivant? Un bout de plastique particulièrement bien sculpté? »

Bref, le propos ne concerne pas la Cannon, un sujet en soit, mais ce film de vampire venu de l’espace. « Lifeforce » donc, est l’adaptation du roman « The Space Vampires » de Colin Wilson, publié en 1976. Pas de surprise ici, tout le concept réside dans le titre du livre, bien moins énigmatique que celui du film. Cependant, ce n’est là qu’une rare réussite de ce métrage poussif et un peu moche, qui ne rend hommage ni à Tobe Hooper, ni à Dan O’Bannon, ni à l’horreur 80’s de haut niveau.

Un cinéaste culte pas vraiment à sa place

Tobe Hooper est un cinéaste sous-estimé à cause de ce genre de productions. Malchanceux auteurs d’un Hollywood en pleine mutation dans les 70’s, dès la seconde moitié des années 1980 sa carrière prend une tournure malheureuse. Jamais vraiment reconnu à la hauteur de son talent, il enchaîne les productions de piètres envergures, lui qui a pourtant l’œil avisé du cinéaste cinéphile. Son art vaut en effet mieux que la simple entreprise d’exploitation du premier producteur venu. C’est là le drame de la carrière de Tobe Hooper, même s’il parvint tout de même à rappeler son talent de temps à autre. Malheureusement, sa filmographie se noie au beau milieu de production miteuse, quand ce n’est tout simplement pas honteux… En rappelle le terrible « Crocodile » de 2000, qui est certainement réalisé par un alias, ce n’est pas possible.

Mathilda May prête ses traits à une entités spaciale, une vampire new age.
Un esthétique très 80’s, qui parvient tout de même à respecter les codes du Vampire.

Avec « Lifeforce » apparaît clairement toute l’ingéniosité de ce cinéaste sympathique. Visuellement, le film a de la classe, et se place esthétiquement bien dans les codes des années 1980. LA mise en scène recèle de bonnes idées et de fulgurances des plus bienvenues. Cependant, c’est trop épars et la majorité du récit ne se révèle compliqué pour pas grand-chose, à vouloir absolument expliquer dans le détail les origines et les capacités des vampires de l’espace. Pourtant, simplement les montrer et laisser les spectateurices comprendre naturellement.

Pas vraiment flippant, un peu moche et cheap

Il ne fait aucun doute que le principe premier de cette production vise la peur. Si le début laisse penser à une sorte d’aventure de Science-Fiction dans la veine de « Alien », rapidement les évènements prennent place sur Terre, à notre époque, et le film prend une orientation fantastico-horrifique mal maîtrisée. Sans jamais vraiment faire peur, si ce n’est les effets spéciaux utilisés par moment, visuellement le rendu de ses derniers ne rend pas du tout hommage à l’esthétique globale. Pendant 1 h 41, c’est surtout le manque de moyen flagrant qui transparaît à l’écran, entre des péripéties qui s’enchaînent sans logique et des comédiens à la rue qui essayent certainement de comprendre l’objectif de tout ça.

Un vampire de l'espace victime des effet spéciaux un peu nuls du film.
Des effets spéciaux de qualités, qui rendent parfois le film plus horrifique qu’il ne l’est…

Inutile de se mentir, ce n’est pas là un très bon film, mais bien entendu, il y a un mais. Malgré tout ça, il y a un capitaine à bord, le bateau se montre peut-être en piteux états, mais celui qui le pilote est pleinement aguerri. Ce qui empêche la catastrophe totale est bien la présence de Tobe Hooper dont le savoir-faire se fait ressentir. Issu d’un milieu du cinéma à mini budget, il parvient à orienter son film sur la bonne direction. Au-delà de tout ce qui ne va pas, il en résulte un petit flick horrifique sans prétention (alors qu’il en avait…). Il se montre efficace dans ses marionnettes faites main et surtout dans un final apocalyptique amusant, avec ses vampires-zombies détruisant une Londres dévastée.

La bonne vieille petite Série B de pépés

« Lifeforce » fait ainsi partie de ces productions bonnes à regarder après avoir tourné autour des meilleures, et épuisé les séries B de qualités. Le film de Tobe Hooper se situe juste avant les Zéderies de la Troma, dans cette zone grise entre ratés sympathiques et délires assumés. C’est cheap et un peu prétentieux, mais c’est juste ce qu’il faut de fun pour proposer un spectacle horrifique par moment amusant, au premier degré solide. Le film se prend finalement tellement au sérieux, que c’est exactement ce qui finit par le rendre drôle.

Patrick Stewart dans un rôle antérieur à celui plus iconique du Capitaine Picard.
Ho Capitaine Picard! Bah alors qu’est-ce que vous faites là? Vous aviez faim?

Vous l’aurez compris, « Lifeforce » et ses vampires new-age est loin de correspondre à l’œuvre prioritaire de Tobe Hooper et de Dan O’Bannon, s’avère sauvée par un savoir-faire cinéphile, qui l’empêche d’être juste complètement nul. Cela ne veut pas dire que ce métrage ne saura pas ravir les yeux des aficionados de déviances cinématographiques. Il s’adresse à Celleux en quête d’aventure dans une décennie où l’Horreur devenait un genre particulièrement proéminent de la pop culture, en particulier avec une production à vive allure, qui ne proposait pas que du bon. La preuve en est avec « Lifeforce », à la fois nul et bien.

Pour en Savoir Plus

Lifeforce sur IMDB

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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