Subspecies

Ted Nicolaou, U.S.A, 1991, 83 min

« Subspecies » concentre absolument tout ce qu’une production Full Moon Pictures peut promettre en abordant le mythe du vampire. À nouveau issu du cerveau de ce pingre, mais si sympathique, Charles Band, cette entreprise sans grand moyen, ne cherche toujours pas à révolutionner le cinéma ni à transcender la lore de Dracula. Son objectif demeure invariablement le même que dans les productions de Charles Band, divertir, à moindres frais, mais en offrant tout ce que le spectateurices est en droit d’attendre.

Les trois héroïnes de Subspecies au calme avant de devoir affronter le grand méchant vampire.
Le bon petit bol d’air avant l’Horreur la plus terrible…

Mis en scène par le réalisateur maison Ted Nicolaou, « Supspecies » possède ce doux parfum de série B expédiée à la va-vite, forte de son histoire peu complexe. À cela s’ajoutent ses rebondissements attendus, ses effets spéciaux datés (déjà au moment de sa sortie) et ses acteurices qui en font des caisses ou sont inexistants. Les productions Full Moon c’est un style, un savoir-faire, qui ne plait peut être pas à tout le monde, mais qui à l’honnêteté, dans sa démarche purement commerciale, de livrer des œuvres touchantes. Un peu à l’image de celle tournée en super 8 par des enfants dans le jardin des grands-parents

Un Dracula à l’économie

Pour des raisons évidentes de coûts de production, le film a été délocalisé en Roumanie, fraîchement redevenue indépendante de l’Union soviétique. Encore une fois, cette démarche semble très intéressée, mais pour tourner un rip off de Dracula, quoi de mieux que les terres historiques de Vled Tepes ? D’ailleurs, pour des raisons de droit évident, jamais rien de l’ouvrage de Bram Stoker n’est cité. L’histoire contée est totalement originale… ou presque !

Le grand méchant de Subspecies, Radu, et son frère gentil qui n'assume pas d'ietre un vampire.
« Rhaaaaa!! Tu pourrais faire un effort et jouer plus subtilement comme moi!! Gnark Gnark!! »

Avec ses décors gothiques au rabais et sa photographie qui évoque un épisode de série télé, il se dégage de « Subspecies » une atmosphère fascinante, qui rend difficile de réorienter le regard. Pourtant l’image est crade, sans parler de la lumière, qui de jour comme de nuit est la même. D’ailleurs, les vampires craignent ici le soleil, mais on a l’impression qu’ils passent leur temps à faire bronzette. Et si le visuel respect en effet l’ambiance des films de Vampires, pour ce qui est des tropes, les règles semblent changer sans arrête et ça n’a donc aucun sens. Mais ce n’est pas la crédibilité qui donne l’intérêt du métrage, c’est sa forme.

Universal, Hammer et… Full Moon

Charles Band et son réalisateur Ted Nicolaou savent très bien qu’ils n’ont rien de plus à apporter à un univers hyper codifié, qui a déjà été abordé des centaines de fois. Leur objectif ne se trouve de toute façon pas là, puisque le principe même des productions Full Moon est de profiter de l’aura d’un élément populaire, afin de capitaliser dessus. C’est fait dès l’introduction qui pose les bases du récit, et conforte sur le fait que rien ne surprendra l’audience durant les 83 minutes du film. Une forme de sécurité qui nous permet, nous pauvres spectateurices, de juste se laisser guider sur ce chemin extrêmement balisé, et de relever toutes les incohérences.

Petites créatures démoniaques, serviteurs du grand méchant vampire de Subspecies : Radu !
Le manque de moyen, des fois ça donne un charme désuet des plus mignons !

On n’aborde pas « Subspecies » de Charles Band, comme on aborde le « Dracula » de Francis Ford Coppola. Ces deux productions n’ont quasiment rien en commun, si ce n’est des vampires. Le premier s’avère la garantie d’un spectacle sans prétention, avec juste ce qu’il faut de sang pour faire plaisir aux passionnés. Il ne s’adresse d’ailleurs qu’à cette niche de cinéphiles en quête du frisson facile et l’horreur bas de gamme, mais si jouissive. En revanche, le second se veut une extension cinématographique du roman, un hommage à l’expressionnisme allemand des années 20. Ce n’est pas un film d’Horreur qui s’assume comme tel, mais prend la forme d’un drame épique et profond. Pourtant, les deux productions demeurent bel et bien des films d’Horreur. Seules leurs intentions changent.

Soyez gentils avec Charles Band !

Pas de commentaire social, pas de critique du capitalisme, pas de message sur la tolérance, « Subspecies » est un simple film d’Horreur, dans le sens le plus primaire du terme. Héritier d’un savoir-faire qui remonte aux années 1930 et 1960, Charles Band est un producteur qui répond à une demande du marché. Il n’est pas là pour le côté arty des œuvres qu’il produit. Cependant, par la force des choses, et puisque le Cinéma reste un art, le résultat possède toujours un quotient artistique. Ramené à sa catégorie, et bien « Subspecies » c’est juste un petit bijou de bis, avec tout ce qu’il faut en dedans.

Radu, le grand méchant vampire de Subspecies, essaye de vampiriser l'une des protagonistes.
L’abus des productions de la Full Moon est nocif pour la santé.

Loin des dérives trash et malsaines de la Troma (qui fonctionne sur le même mode), la Full Moon de 1991, c’est plus un cinéma proche des productions de Roger Corman dans les années 1950. Ce cinéma d’exploitation décomplexé vise le jeune en rébellion contre l’establishment, où le vieux blasé qui ne se sent plus titille depuis longtemps à la vue du lion de la MGM. C’est cheap, peu impressionnant, sans grandes intentions, parfois molle et souvent craignos. Mais « Subspecies » c’est aussi ce qu’il existe de mieux dans cette petite niche de l’exploitation à outrance des mythes qui ailleurs nous font un peu plus rêver. Cela étant dit, ce serait quand même dommage de bouder son plaisir…

Pour en Savoir Plus

Subspecies sur IMDB

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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