La Meute

Franck Richard, France, 2010, 90 min

Lorsque « La Meute » arrive sur les écrans, le cinéma d’Horreur à la française entre dans une période de transition. La Vague des années 2000, dont l’écho s’est entendu jusqu’à Hollywood (qui est venu démarcher quelques cinéastes) touche à sa fin, sans avoir vraiment marqué la production. Tel un soufflé, les tentatives d’expérimentations sont tombées à plat, et les années 2010 ne seront ponctuées que très sporadiquement par l’Horreur. Avec son ambiance crépusculaire de fin du monde, « La Meute » témoigne ainsi, même dans sa forme, de la fin d’une époque.

Émilie Dequenne dans La Meute.
Une Émilie Dequenne particulièrement bad ass, sauve un peu le film

Minuscule production sans prétention, mais avec plein d’ambition, le film de Franck Richard a le grand mérite de se montrer particulièrement généreux. Que ce soit dans ses décors, dans le traitement de ses personnages, et bien entendu dans l’aspect terrifiant de l’ensemble, tout est fait ici pour ravir les amateurices de série B horrifique. Accueilli froidement à sa sortie (voir avec mépris), le métrage demeure une expérience plutôt fun, ni virtuose ou novatrice, mais avec le mérite de tenter un truc, dans le plus grand respect du genre.

Casting atypique pour fan-fiction horrifique

La première surprise vient du casting, puisqu’il regroupe Yolande Moreau, Emilie Dequenne, Benjamin Biolay et Philippe Nahon. Ces comédienes (dont un chanteur) sont connus pour de nombreuses choses, mais pas vraiment l’Horreur. Sauf peut-être dans le cas de Philippe Nahon, un habitué de chez Gaspar Noé, et mémorable dans le « Haute Tension » d’Alexandre Aja. Et Benjamin Biolay pour « Doutes » de Yamini Lila Kumar, plus tard en 2013. Toujours est-il qu’ils apportent tous à leur rôle un petit truc bizarre et dissonant, qui fait tout la différence. Dans un film qui a un peu de mal à savoir où il va, ils structurent ainsi le récit avec des bases concrètes.

Benjamin Biolay dans La Meute
Benjamin Biolay ténèbreux, dans un film où il ne semble avoir aucune idée du pourquoi de sa présence…

Pour le reste, « La Meute » brasse de l’influence de partout. Franck Richard ne s’en cache absolument pas, allant même jusqu’à remercier Sam Raimi dans le générique. Et c’est là que le film pêche un peu, par sa nature d’œuvre de fan. S’il possède un grand charme, il est fait par un réalisateur qui met un petit peu trop sa passion en avant et oublie au passage de se trouver son identité propre. Cette manière d’aborder le cinéma demeure bien entendu jouissive pour quiconque aime ce genre, mais c’est plus une attitude qui a sa place dans des œuvres amateurs ou des courts-métrages. Dans un film qui a les ambitions de « La Meute », ça enlève un peu de sérieux à l’entreprise, et c’est dommage pour toutes les personnes impliquées.

Manque de caractère, mais le charme sauve tout

Ainsi, si le métrage s’apprécie et se montre vraiment généreux, il lui manque juste de quoi s’émanciper suffisamment de la fanfiction, pour devenir une œuvre de cinéma à part entière. Tout est réuni ici pour soutenir ses ambitions, de ses acteurices impliqués à la production design, en passant par les effets gores et le maquillage over the top des monstres. Mais le Franck Richard ne parvient pas à proposer autre chose qu’une énième avalanche de références déguisées en film. Par exemple, un an auparavant, « La Horde » brillait par sa différence, sans se noyer sous une tonne de référence, malgré ses influences bien marquées.

Yolande Moreau dans La Meute
Yolande Moreau, absolument parfaite dans ce rôle… Bizarre !

Cela mit de côté, il en demeure une œuvre fun, avec un petit côté Tobe Hooper (celui de « Eaten Alive », pas celui de « The Texas Chainsaw Massacre ») et juste ce qu’il faut de cheap pour rendre le projet sympathique. L’atmosphère craspec et malsaine le démarque des entreprises bien plus aseptisées diffusées depuis, et qui n’osent plus tellement s’aventurer sur ces terrains de l’Horreur glauque. Au final, « La Meute » a du mérite pour son audace, mais demeure une production bien trop ciblée et impersonnelle pour sortir du lot.

Pour en Savoir Plus

La Meute sur IMDB

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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