C’est officiel, le tournage de « Alien : Romulus », la huitième suite du « Alien » de Ridley Scott, sous la houlette de Fede Alvarez, est terminé. La sortie de cette nouvelle incursion dans l’univers du xénomorphe est prévu sur la plateforme Hulu, pour le 16 août 2024. Cela laisse un petit de temps pour se faire à l’idée de cette énième séquelle/préquelle/reboot/requelle… Mais d’ailleurs, est-ce que l’on doit se montrer enthousiaste pour ce nouveau film, ou juste se préparer à un désastre façon « Prometheus » et « Covenant » ?
Les points forts
Il est possible de se rassurer en prenant pour exemple le « Prey » de Dan Trachtenberg, sorti en 2022. Également produit par The Walt Disney Company et diffusé sur Hulu, sans révolutionner quoi que ce soit, proposait une efficace et généreuse de « Predator ». Puisque la stratégie de Disney consiste à vouloir offrir aux spectateurices ce qu’ils veulent, il est possible de se montrer confiant. D’autant plus que dans le cas du film de Trachtenberg, il n’y avait aucune retenue sur les élèments gores. Oui, Disney ça a bien changé, c’est pour ça que ça sort sur Hulu d’ailleurs.
Le second point fort de cette entreprise est son réalisateur, Fede Alvarez, qui a coécrit le film avec Rodo Savagues, avec lequel il collabore depuis ses premiers courts-métrages en Uruguay au début des années 2000. Ensemble, ils sont responsables du remake « Evil Dead » en 2013 et de l’exceptionnel « Don’t Breathe » en 2016. Dans le domaine de l’épouvante intimiste, en huis clos, les deux cinéastes excellent. Voilà qui peut nous rassurer sur la tournure que pourrait prendre « Alien : Romulus », avec peut être un retour aux ambiances minimalistes de « Alien » et « Alien³ ».
Les points faibles
La principale crainte concerne la place du film dans la saga. Il a déjà été révélé que les évènements présents dans le récit se dérouleront entre « Alien » et « Aliens », ce qui constitue un non-sens. Dès le départ, le film de Fede Alvarez se retrouve donc dans une impasse. Le projet a été vendu comme un stand-alone, mais visiblement, pour exister, il se situe dans une chronologie qui n’a aucun intérêt et désamorce déjà les enjeux de l’opus de James Cameron. Le plus logique serait de placer l’action dans la continuité du « Resurrection » de Jean-Pierre Jeunet, et ce serait en plus très audacieux.
Si le fait que ce soit une production Disney peut annoncer du bon, il faut craindre un traitement à la Star Wars et Marvel. Une série est déjà prévue, et moult programmes semblent dans les tuyaux. Si l’exploitation peut avoir du bon (on n’aurait pas eu « Aliens » et « Alien³ » sans cela), attention à l’indigestion de xénomorphes. Les dernières productions de Ridley Scott l’ont démontré, il n’y a pas grand-chose à ajouter à la saga. « Alien : Romulus » pourrait en ce sens marquer le point de départ d’une saturation.
Si le choix de Fede Alvarez est excellent, puisqu’il maîtrise les codes de l’horreur, ces dernières années, ses projets ont plutôt déçu. Le très fade « Millenium : The Girl in the Spider’s Web » en 2018, n’avait plus rien de ce qui fait le sel de son cinéma, à savoir une brutalité visuelle jusqu’au-boutiste. Mais ce sont aussi ses scénarios qui interrogent, toujours en collaboration avec Rodo Savagues. En 2021, la suite « Don’t Breathe 2 », réalisée par Savagues, s’est montrée absolument scandaleuse, tellement elle tapait à côté de la plaque. Si le ratage s’avère moins impressionnant, le très mauvais « Texas Chainsaw Massacre » de Netflix en 2022, ne permet par non plus de rassurer.
Réponse en 2024
En attendant, nous ne pouvons que nous faire force de suggestion, et il faudra patienter encore une année avant de découvrir si oui ou non ce « Alien : Romulus » se révélera comme une bonne idée. Pour le moment la balance est mitigée, bien que Fede Alvarez ait un talent indéniable et bénéficie ici de moyen quasiment illimité au regard de ses précédentes réalisations. Une grande liberté de manœuvre lui a également été offerte, dans l’espoir de renouveler le petit miracle « Prey ». Croisons les doigts pour que le film se montre un minimum intéressant puisque, rappelons-le, le projet n’a vraiment aucun intérêt.
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