Aliens

James Cameron, U.S.A, 1986, 137 min

Chef-d’œuvre absolu de l’actioner bourrin du cinéma américain des 80’s (ne cherchez pas, j’ai raison), « Aliens » s’est même payé le luxe de se bonifier avec le temps. Pour ce faire, James Cameron a opté pour une approche radicalement opposée au premier opus, tout en parvenant (et ça, franchement, chapeau) à y puiser toute l’essence. En somme, il a pris le premier « Alien », a détruit tout ce qui en faisait son succès, pour le remodeler et livrer l’une des meilleures suites jamais réalisées (l’autre meilleure suite de tous les temps étant « Terminator 2 »).

Sigourney Weaver dans Aliens
Ellen Ripley (Sigourney Weaver), de nouveau embarquée dans une sombre histoire de xénomorphes…

Démarche personnelle s’il en est, tout ce qui a trait à l’univers de Cameron s’avère présent : manichéisme, cliché du marine bourrin, héroïne parfaite, le traumatisme, le grand spectacle démesuré qui pète de partout, la destruction, le chaos et un nihilisme optimiste. En plus de cela, « Aliens » possède également tous les atouts du film d’action eighties, singeant avec affront la politique reaganienne, dans une fausse apologie de l’armée et de la toute puissante Amérique impérialiste. Après tout, James Cameron a signé le scénario de « Rambo II », donc il sait de quoi il parle.

L’anticolonialisme : Le Film

Si le film donne l’impression de faire l’impasse sur la terreur du premier, dans une démarche de réappropriation de l’univers, il n’en est rien. En effet, l’angoisse se situe ailleurs, non pas dans l’atmosphère étouffante d’un huis clos, mais dans la colonisation insensée d’une entreprise privée, qui s’installe tranquillement où elle veut pour exploiter les ressources de Nouveau Monde. Alors, heureusement c’est de la Science-Fiction et personne ne sera assez stupide pour laisser la conquête spatiale et la colonisation d’autres planètes à des milliardaires à la tête de multinationale. James Cameron instille ainsi une nouvelle sorte de peur, apparue dans les années 1980, sans jamais recopier son illustre prédécesseur.

Les Marines prêts à l'action dans Aliens
Un problème ? Qui appelez-vous ? L’armée bien entendu !!

Les quelques points communs avec le film de Ridley Scott se retrouvent dans le personnage de Ripley, dans les craintes émises envers la firme Weyland-Yutani et bien entendu la présence des xénomorphes. C’est donc bien une vraie suite, particulièrement fidèle, qui ne fait que développer un peu plus l’univers du premier film. Pour exemple, la colonisation constitue l’une des thématiques centrales, et sert d’échos à de nombreuses pages de l’histoire récente de l’humanité. Il en va de même pour l’exploitation de l’individu par des entreprises tentaculaires prêtes à tout pour le profit, et qui peuvent se reposer sur les états dans cette quête.

L’anticapitalisme : Le Film

L’histoire du film s’avère des plus équivoques : une colonie (composé d’individus périssables) ne répond plus, donc l’État envoie l’armée (composée d’individus périssables), pour voir ce qu’il s’y passe. Au passage, la Weyland-Yutani espère pouvoir récupérer des xénomorphes à des fins scientifico-militaires, dans le but certainement de faire la guerre, et ainsi détruire un nombre important d’individus périssables. Oui, « Aliens » est avant tout un grand film sur l’hypocrisie et les dangers d’un Capitalisme devenu complètement fou. Encore une fois, heureusement que c’est de la Science-Fiction.

Paul Reiser dans Aliens
Le véritable méchant dans « Aliens c’est un… macroniste !
(Ici avec son accésoire, un policier)

« Aliens » possède son identité propre, d’ailleurs ce n’est sans doute pas par hasard si le film ne s’appelle pas plus simplement « Alien 2 ». Une manière subtile de préciser que le métrage demeure une entité à part entière et ne se définit pas uniquement par sa nature de séquelle. Il est d’ailleurs tout à fait possible de le voir sans avoir vu le premier. C’est aussi là la définition même d’une suite réussite, qui continue à étendre l’univers, en proposant un contenu original, avec la patte d’un artiste, et non juste la resucée d’un succès par un technicien. Le fait que le film arrive sept ans après l’original est également un indicateur que le projet n’est pas seulement un moyen de profiter de la hype.

James Cameron, héros généreux de la pop culture

Sans jamais oublier de livrer une œuvre horrifique, même si le film joue bien plus de la carte de la S-F, avec des éléments d’Horreur, « Aliens » demeure une entreprise terrifiante. Si elle reste certes jouissive sur plus d’un aspect (les xénomorphes dégommés par dizaine), le récit gère la montée en pression et l’économie, pour mettre en place une atmosphère pesante. Elle décuple ainsi chaque apparition des monstres, jusqu’au final des plus épiques, qui imprime les rétines pour longtemps. De plus, ce film représente tout ce qui fera le cinéma futur de James Cameron, de son incroyable « Abyss » à ces derniers « Avatar » : un cinéma populaire et généreux, jamais avare en quoi que ce soit.

Ripley fait face au xénomorphe pour a seconde fois...
Comme un air de déjà-vu…

Pour en Savoir Plus

Alien sur IMDB

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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