Ridley Scott, U.S.A, 2017, 122 min
Cinq ans après un « Prometheus » moribond, personne n’attendait vraiment de suite, mais c’était sans compter sur le fait que les producteurs se fichent de ce que les personnes attendent ou pas. C’est donc ainsi, une énième entrée dans la saga Alien qui voit le jour, et tout aussi inutile que soit « Alien : Covenant », il existe et fait partie du canon. C’est triste, mais c’est comme ça, il faut désormais composer avec cette quatrième séquelle, épargnons-nous les spin-offs avec Predator.
Changement de stratégie radicale, alors que « Prometheus » cherchait par tous les moyens de se démarquer de la saga, en voulant exister par soit même, ici c’est fondamentalement l’inverse. Le film joue pleinement sur la nostalgie et donne tout ce qu’il peut pour raccrocher les wagons, au point même d’utiliser le thème musical d’« Alien » par Jerry Goldmsith. Il tente ainsi lamentablement de recapter l’ambiance si riche du film. « Alien : Covenant » reconnecte de la sorte « Prometheus » (dont il est une suite directe) à la saga, avec un pied de nez complètement naze et une séquence de 10 secondes qui rend tout son propos et ses efforts bien inutiles.
Zéro crédibilité, zéro cohérence
En tout et pour tout, « Alien : Covenant » s’avère un excellent film de Science-Fiction pendant quarante minutes. Sur un ton hard S-F des plus bienvenues, le récit se met en place naturellement. Il reprend d’ailleurs à la lettre la recette du premier « Alien », du réveil prématuré des membres d’équipages au message de secours, en passant par l’exploration d’une planète hostile. Mais pourquoi pas, ça fonctionne, c’est efficace, et ça peut amener tout un tas de nouvelles péripéties. En réalité, c’est exactement ce qu’il se produit, sauf qu’en l’espace de cinq minutes, dès lors que les quelques personnages ont posé le pied sur la planète, ça devient la foire du slip sans élastique.
Il n’y a pas un/une protagoniste qui se montre crédible une seule seconde. Ce sont des colons qui voyagent à travers l’hyperespace dans le but d’aller à la recherche d’un nouvel habitat et découvrir une planète inconnue pour la vider de ses ressources. Ce sont donc des personnes professionnelles, et un minimum entraînés. Pourtant, ils agissent tous comme des campeurs du dimanche, ne prennent aucune précaution, allant même jusqu’à jeter des mégots dans une nature qui semble immaculée. Mais le pire, ils n’ont pas envisagé de procédure de mise en quarantaine. Ils arrivent dans un endroit hostile, vierge de toute présence humaine, où la principale menace peut être, au hasard, des bactéries ? Bref, c’est juste stupide.
Qui a écrit cette m**** ??
Dès ce moment, « Alien : Covenant » est foutu et ne parvient jamais à redresser la barre, se vautrant lamentablement dans sa propre suffisance. Il n’y a dans cette production aucune cohérence d’ensemble, ce qui rend l’immersion absolument impossible. Là où chaque détail compte et a son importance, afin de construire une atmosphère réaliste, dans l’intention de mieux faire surgir l’horreur, ici, il n’y a qu’un scénario écrit par des guignols. Cela peut paraître étrange, puisque le script est quand même co-signé par John Logan, qui est l’un des grands scénaristes de notre époque. Mais à y regarder de plus près, il est aussi co-écrit par un certain Dante Harper, dont c’est l’unique scénario et qui est… Directeur de production… Pour des making-0f… Bon, inutile de dégommer l’ambulance.
La palme revient ensuite aux séquences avec le malheureux Michael Fassbender, qui n’est que ridicule, la faute à un script vide et une direction à la ramasse. Il faut le voir apprendre à jouer de la flute à lui-même pour le croire. Le reste consiste en un ramassis de philosophie de comptoir glanée sur Wikipédia, pour tenter d’intellectualiser un propos qui se résume à : un androïde méchant veut détruire l’humanité. Il y a quarante minutes comme ça, en plein milieu du film, où il ne se passe plus rien. C’est juste une vaine tentative de donner du corps aux thématiques de « Prometheus » et expliquer la cave avec les œufs au début d’« Alien ».
Même pas l’ombre d’une potentielle réussite
Alors « Alien : Covenant » offre quelques fulgurances ici et là, comme son climax terrifiant et réellement réussi, mais cela concerne les 3 dernières minutes du film. La photographie est vraiment somptueuse, très froide, cherchant à reprendre l’aspect mécanique et glacé de l’acier qui compose les xénomorphes. Les décors demeurent superbes, les extérieures n’en parlons même pas. Mais voilà, le métrage n’a absolument rien à raconter et prend deux heures pour le faire.
À part se regarder le nombril et jubiler par sa propre intelligence supposée et sa supériorité cinématographique fantasmée, il ne propose pas grand-chose d’autre. S’il avait au moins le pari d’une tournure plus fantasy, plus pulp et aventureux, cela aurait peut être pu fonctionner, mais le premier degré et le sérieux avec lequel il est exécuté lui retire toute crédibilité et intérêt. C’est juste mauvais quoi… C’est du très mauvais cinéma, avec zéro réflexion et même pas divertissant…
Laisser un commentaire