Robert Eggers, le génial réalisateur derrière « The VVitch », le prétentieux cinéaste derrière « The Lighthouse » et le médiocre technicien derrière « The Northman », s’est confié dans les colonnes d » Empire, concernant son prochain projet pas du tout excitant, un remake du « Nosferatu » de Murnau. Un film sur lequel il n’a pas grand chose à nous apprendre, si ce n’est que son tournage a été trop dur.
Robert Eggers et le faux départ
Si tout avait si bien commencé, avec l’un des films horrifiques les plus fascinants des années 2010, entrée directement au panthéon du genre, la suite fut bien moins jouasse. Le chiant et maniéré « The Lighthouse » voyait Willem Dafoe et Robert Pattinson essayé d’être le plus cringy possible, dans un film qui à part un magnifique visuel n’avait rien à offrir. Cet exercice plastique vain a emballé toute une critique, qui s’est beaucoup trop épanouie parce que c’était contemplatif et en noir et blanc.
Et puis en 2022 ce fût le drame avec « The Northman », une œuvre voulument épique et radicale, qui ne ressemblait finalement qu’à toutes les autres tentatives du genre. Avec son scénario miteux, ses acteurs à la rue et sa mise en scène bien trop arrogante pour ce qui se résume à une série B mal assumée, il aurait certainement gagné à accepter ses délires gore et cartoonesque. Bref, vous l’aurez compris, ce cher Stork n’est pas vraiment un grand fan de Mr Eggers.
Alors quand dans les colonnes d’Empire il vient vendre son prochain film en chouinant, cela a le don d’agacer. Et puis entre-nous ça à tous du projet inutile qui va ressembler à toute autre tentative d’intellectualisation d’un cinéma de genre qui doit être plus qu’une façade. Tout commence de manière arrogante, avec une fausse modestie qui est fatigante, lorsque le cinéaste s’exclame :
« J’essaie d’aller au-delà de ce dont je suis capable ».
Tu réalises un film de vampire bonhomme. Werner Herzog a fait lui aussi un remake de « Nosferatu » dans les années 1970 avec Klaus Kinski et Isabelle Adjani… Ça s’est repoussé les limites de ce dont on est capable. Le Nosferatu d’Eggers n’est qu’un énième produit hollywoodien gonflé à grand coup de dollars avec un casting quatre étoiles, qui a tout de projet aseptisé et sans ampleur. D’où peut être le besoin de devoir vendre le film par un tournage fantasmé à la « Apocalypse Now » comme le montrent ces paroles :
« Comme toujours, ce fut un tournage difficile. Hier soir, nous tournions une scène sur un bateau avec beaucoup de pluie et de vagues, et le déflecteur de pluie, qui essaie d’évacuer la pluie de l’objectif, tombait en panne et s’embuait. »
Voilà. Que rajouter ? Aujourd’hui, il est de mode pour les cinéastes de venir pleurer dans les magazines et les émissions, lors des promos, pour survendre des projets inintéressants, aux prétextes incertains. Ici donc, le tournage de « Nosferatu » a été un véritable calvaire, parce qu’il pleuvait. Je vous invite à voir le documentaire « Heart Into Darkness : À Filmaker’s Apocalypse » d’Eleanor Coppola… Mais ce n’est pas fini :
« J’ai passé les derniers jours à travailler uniquement avec des marins russes sur un bateau […] Je suis tellement heureux d’avoir fait The Northman en premier et d’avoir appris ce que j’ai appris […] Quand je pense au plan de production de Nosferatu que nous avions la première fois, je suis sûr que je l’aurais en quelque sorte sorti de mes fesses, mais il est difficile de ne pas imaginer que ce soit un échec. »
Et oui, voilà, sous-entendre que le travail d’arrache-pied a empêché le projet d’être un échec. C’est quoi ce genre de promotion ? Est-ce censé nous impressionner ? « Hou la l’aaaa Robert Eggers il a tourné sous la pluie, dans un bateau avec des Russes, et l’organisation du tournage a été difficile… Ça doit être un bon film, je vais aller le voir. » Vraiment ? Il y a des gens qui pensent comme ça ?
L’interview d’Eggers est des plus pathétiques et annonce le pire pour son remake, puisque le vendre ainsi n’est pas mettre en valeur la démarche artistique. On n’y apprend absolument rien des motivations derrière une revisitation du film original (pourquoi pas un nouveau « Dracula » ? Et « C’est mon rêve d’une vie » est-ce un argument ?). Il y a derrière cette entreprise une aura nauséabonde de septième art qui se croit un petit peu trop supérieur, et qui ne fait pas du tout envie.
Willem Dafoe sauvera-t-il le film de Robert Eggers?
Le seul point positif de l’interview est l’hommage que Robert Eggers rend à Willem Dafoe :
« Willem est prêt à tout et il se coupera le bras pour la scène […] C’est une putain de plaisir de travailler avec lui : il était dans The Northman, il est dans [le prochain] Nosferatu, j’espère que je ne ferais plus jamais fait de film sans lui. »
Bon, ça fait un peu « on se passe la pommade entre copains », et un piètre moyen de promouvoir le film, sans en parler. Mais il fallait aussi peut-être commencer par là, mettre en avant les comédiennes et comédiens présents dans le film, dont il n’y a que très peu de mots. Parce que vous comprenez, il a dû tourner sous la pluie… la pluie… Sans doute sa pire ennemie…
En attendant, le tournage est terminé, il n’y a pas de sortie et le casting comprend Bill Sarksgard, Nicolas Hoult, Lily-Rose Depp, Aaron Taylor-Johnson, Ralph Ineson, Willem Dafoe et Emma Corin. Et ça s’annonce pas passionnant du tout.
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