Pumpkinhead II : Blood Wings

Jeff Burr, U.S.A, 1993, 88 min

Jeff Burr, ce gros bourrin roi des suites bas de gamme et des projets sans intérêts, dont le règne n’a pas dépassé 1995 (à partir du moment où il s’est mis à réaliser des épisodes de « Beetleborg » et des films pour enfants…) est doit succéder à Stan Winston, avec « Pumpkinhead II : Blood Wings ». Sans apparaître particulièrement mauvais, il est vrai que par rapport à son excellent aîné, il fait pâle figure. Mais le délire se montre tout autre.

Amy Dolenz et J. Trevor Edmund dans Pumpkinhead II : Blood Wings
[Insérer adolescents génériques de 30 ans des années 1990}

Résultat, ça reste une série B, mais vachement moins bien. C’est un peu ça la sauce Jeff Burr, toujours refaire en moins bien des trucs qui tenaient la route. Exemple très simple, il prend complètement à contre-pied le principe du premier, qui économisait sa créature pour un effet terrifiant, afin de faire monter l’attente et ne la présenter dans son entièreté uniquement lors du dernier tiers. Ici, dès le départ le Pumpkinhead s’avère montré sous toutes les coutures. Cela laisse aux spectaturices tout le loisir de bien constater que la bébête est bien en plastique.

Pas beaucoup de soussous, mais du cœur !

Si elle demeure excellente, elle se révèle très différente du premier. Exit Stan Winston et ses équipes, c’est ici la KNB qui s’en charge. Régnant en maître sur les effets spéciaux horrifiques dans les années 1990, la KNB (pour Kurtzman, Nicotero, Berger) se compose de trois artisans d’exception, qui ont marqué de leurs pattes le cinéma horrifique hollywoodien à petit budget. La créature qu’ils proposent pour cette suite ne s’avère pas moins bien, elle est juste différente et plus cartoon, par contre elle apparaît beaucoup trop à l’écran.

Amy Dolenz dans Pumpkinhead II : Blood Wings
Amy Dolenz dans « Buffy contre les citrouilles »

Cinéaste généreux (s’il avait œuvré à une autre époque, il aurait sans doute eu plus de liberté dans le gore), Jeff Burr livre ici une petite œuvre pulp, dans sa manière de faire référence aux années 50. Le cinéma de genre de cette période semble avoir marqué le réalisateur, car c’est un style qui revient beaucoup dans ses productions. Ces dernières sont en général emplies d’une légèreté de ton, plus ou moins de mise.

Un vrai film d’Horreur du jeudi soir

Le scénario ne propose ainsi aucune réflexion aussi profonde que le premier. L’axe principal concerne les relations difficiles entre un père (le nouveau shérif) et sa fille (séduite par le bad boy local). Une vaine tentative d’évoquer la différence s’avère bien présente, mais elle est rapidement noyée par une tournure purement horrifique du récit. Le film s’oriente tout particulièrement sur les terrains de l’horreur facile, sans risquer l’ennui, par un parti pris cartoonesque toujours plaisant, il faut le dire.

Un groupe de jeunes des années 1990 dans Pumpkinhead II : Blood Wings
« Hé on passe à la cafét’, puis on va répéter, y’a Hélène et Nicolas qui nous y retrouvent! »

Certes, tout cela est un peu dommageable, mais finalement après la noirceur du premier, cette suite prend une orientation tellement différente et n’essaye pas de répéter inutilement la même histoire. Et si cette dernière est cousue de fils fluo qui font bip bip, le plaisir est à trouver ailleurs. Et c’est là important de se souvenir de qui réside derrière la caméra : Jeff Burr.

Un plaisir beaucoup trop coupable

« Pumpkinhead II : Blood Wings », c’est une production fun, débridée et débilement gore, dont le but ne se veut autre que de divertir, et en ce sens et bien elle remplit parfaitement ses intentions. Sans grandes ambitions, ni volontés réflexives (alors que le principe même du Pumpkinhead favorise tout de même ce terrain), voilà un joyeux bordel, servis par des comédien.nés tous particulièrement impliqués. Peu convaincant, ils fournissent tous un jeu juste ce qu’il faut d’exagéré, pour délivrer une œuvre cheasy à souhait ! À l’ensemble de prendre alors la direction de tout ce qui constitue un petit plaisir coupable.

Andrew Robinson dans Pumpkinhead II : Blood Wings
« J’ai affronté Pinhead… C’est pas une moustache et un pull rouge qui vont me faire peur! »

Porté par l’excellent Andrew Robinson (Scorpio dans « Dirty Harry », le père dans « Hellraiser », et surtout Garak dans la meilleure série Star Trek : « Deep Space Nine »), ce dernier parvient à faire passer des émotions, par un jeu souvent over the top, de plus mis en scène par ce boucher charcutier de Jeff Burr. Émane ainsi du film une certaine folie, qui touche même les personnages les plus sains. Ce qui en soit est un concept.

Un métrage bien trop mal aimé

Souvent considéré comme un mauvais film, ce qu’il est certainement, il n’en demeure pas pour autant une mauvaise suite. Après, il est vrai qu’être sensible au cinéma de Jeff Burr, aussi subtile qu’une moissonneuse-batteuse dans un parterre d’orchidées. Une certaine candeur s’échappe de tous ses projets, où demeure une générosité, mise en scène avec les doigts dans les yeux, certes, mais qui fonctionne, et qui fait de lui un réal’ unique en son genre.

Amy Dolenz et le Pumkpinhead dans Pumpkinhead II : Blood Wings
Une esthétique très nineties, mais qui fait son petit effet

À la frontière du nanard (qu’il ne franchit pas\), « Pumpkinhead II : Blood Wings » saura ravir votre soif d’horreur made in nineties, fait avec des codes des années 80 et inspiré par les années 1950… Ce mélange forme un style bien définissable et reconnaissable entre tous, la patte d’un véritable artisan, qui fait ses films avec le cœur. Et derrière, il s’est toujours pris une volée de bois moisis, parce que ce n’était jamais assez bien. Et pourtant, Jeff Burr occupe une place à part dans l’horreur à la charnière des années 80/90, et il est dommage qu’il ne bénéficie pas de la même reconnaissance que des types comme… disons… Mick Garris? Au hasard hein….

Don oui, c’est naze… et alors ? C’est cool ! Donc il n’y a aucun problème pour  s’en délecter avec gourmandise !

Pour en Savoir Plus

Pumpkinhead II : Blood Wings sur IMDB

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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