The Stepfather

Nelson McCormick, U.S.A, 2009, 101 min

Avant-Propos :

Avant même de lancer le film, un fait vient interroger. « The Stepfather » (1987), « The Stepfather II : Make Room For Daddy » (1989) et « The Stepfather III » (1992), avec leurs défauts et leurs qualités, était tous les trois Rated-R. Or, ce remake (qui nous vient tout droit de l’infameuse vague des années 2000, d’un Hollywood de l’horreur en panne) est classé PG-13… Puisque le film se nomme « The Stepfather », il y a quand même une certaine attente, incluant une dose de violence, physique, mais aussi psychologique, ce qui est directement mis à mal par le sigle PG-13…

Deuxièmement, le réalisateur Nelson McCormick n’est en rien pour rassurer. Auteur de cinq productions de seconde zone entre 1995 et 2000, il se spécialise par la suite dans la réalisation d’épisode de séries TV. Son CV assez impressionnant compte d’ailleurs quelques programmes d’exception. Cependant, entre 2000 et aujourd’hui, Nelson McCormick a réalisé deux films, deux remakes, en commençant avec le très mauvais « Prom Night » en 2008.

Nelson McCarthy sur le tournage de The Stepfather
Photo de tournage de Nelson McCarthy en train de regarder dans la lunette de ses cabinets

Vous noterez que les amateurs d’horreur ont toujours le droit à la crème des cinéastes quand il s’agit de refaire à la mode des productions qui tiennent pourtant encore la route. Mais McCormick a aussi réalisé un second remake, en 2009, je vous le donne en mille : « The Stepfather ».

Ces mots furent écrits avant visionnage, à voir donc si ce film nous réserve une surprise

En 1987 quelques critiques ciné avaient perçu dans le propos de « The Stepfather » un message visant les excès du reaganisme. D’accord ou non, il y avait du vrai dans cette représentation d’un homme devenu complètement taré à cause de valeurs qu’il peine lui-même à respecter. Ici, le film sombre dans une vulgarité des plus complaisantes, en présentant le quotidien d’une famille de la classe (bien) supérieure, sans le moindre sous texte critique. Le fils aîné et sa copine, tous les deux à la plastique surfaite, passent leur temps à barboter dans leur piscine de riche, ce qui rend difficile toute identification et empathie. Ces archétypes convenus vendent de l’American Dream tout pété, avec une indécente d’organes.

Amber Heard et Penn Badgley dans The Stepfather
Mon horrible vie de riche – Par ce jeune homme riche

Il est très difficile de rentrer dans ce film, particulièrement froid, à la mise en scène impersonnelle, et qui manque cruellement de cohérence. Dylan Walsh peine à rendre crédible une partition à la rue, passant du mec sympa au psychopathe sans émotion, quand Terry O’Quinn jouait lui avec une constante ambiguïté, par des fulgurances dans le regard et une attitude naturelle. Cela rendait le personnage terrifiant, puisque par moment une certaine empathie pouvait se créer, avant de se rappeler la séquence du début. Ici, il n’y a pas cette ambiguïté, tellement les ficelles demeurent visibles comme un pachyderme dans la lunette d’un microscope. (je vous laisse imaginer l’état du microscope, qui doit ressembler à peu près à votre cerveau pendant le visionnage de cet étron).

Ça n’a ni le talent, ni l’envie…

Le film essaye pourtant de se démarquer, en changeant un peu le scénario, pour développer de nouveaux personnages, mais là aussi, l’échec est total, la faute à l’incrédibilité des interactions. Sans cesse forcées, elles servent de prétexte malvenu à des situations complètement à l’ouest du sujet.

Exemple :

Le plus jeune des fils joue aux jeux vidéo, avec la télévision tellement forte que ça résonne dans toute la maison. Sa mère lui demande, gentiment, de baisser le son, une fois, deux fois, trois fois… Le gamin n’en a rien à foutre. À partir de ce moment, il ne respecte pas les règles de la vie en communauté. Le beau-père s’agace, entre dans la chambre, pose sa main sur la nuque du mioche, sans vraiment de violence, puis baisse la TV.

Cette petite séquence banale prend une ampleur pas possible, avec le père du gosse qui pète un plomb et vient menacer physiquement le beau-père. Certes, le geste est peut-être déplacé et manque clairement de pédagogie, mais de là à servir de postulat à foutre un bordel inouï au sein de la famille, il y avait sans doute plus plausible…

Sela Ward et Sherry Stringfield dans The Stepfather
« Nan moi je vois pas de problème, comme je suis un archétype vide de cliché daté de film d’Horreur. »

Dans l’original, le beau-père s’énerve exagérément parce que sa belle-fille embrasse un garçon. Ancré dans sa bigoterie, il extrapole une situation assez innocente, et brise le lien qu’il avait réussi à créer difficilement avec l’ado’. Ça avait du sens, de la cohérence, du poids et un impact sur la suite des événements. Ici, c’est clairement téléphoné et poussif du début à la fin, tout ça pour un gros gâchis qui ne sert qu’à piéger les insouciants qui pourraient y voir une tentative de moderniser le propos du film de 1987. Or, la maladie mentale n’est à aucun moment sous-entendu, alors que la société a beaucoup évolué sur ce sujet entre 1987 et 2009.

Encore un remake à côté de la plaque

Les actions du beau-père n’ont ni queue ni tête, ses motivations s’avèrent complètement absentes, les réactions des personnages sont nulles, mais nulles… Les acteurices excellent dans l’incroyablement mauvais, la palme revenant à Penn Badgley, dans le rôle du fils aîné, qui mérite un prix pour cette interprétation continuellement à côté de la plaque. Et la pauvre Amber Heard, elle s’en sort avec une production qui n’en veut qu’à son corps. Rien ne fonctionne, rien n’a d’intérêt, rien n’est justifié… Voilà l’exemple type d’une production faite pour de mauvaises raisons par les mauvaises personnes, avec de mauvaises intentions.

Amber Heard dans The Stepfather
« Il ne vaut mieux pas trop pousser « Qui s’y frotte s’y scie » – par Amber Heard

D’un côté, ce n’est pas plus mal que ce film soit ce qu’il est, puisque cela fait plus de dix ans que même les producteurs les plus vénaux fichent la paix à cette franchise. Néanmoins, le sujet pourrait prendre un sens beaucoup plus évocateur de nos jours, surtout depuis la tornade #metoo. En effet, les violences conjugales, physiques ou psychologiques, visant principalement les femmes, se prêtaient tout à fait à cette histoire. Parfois, le cinéma c’est aussi là pour mettre en lumière les nombreux problèmes de mœurs qui rongent nos sociétés.

Dylan Walsh dans The Stepfather
« Y’a quelqu’un dans le sous-sol ? Nan parce que c’était pour savoir si j’étais suffisamment inquiétant ! »

En partant de ce constat, cette épave cinématographique, indigne d’être citée une fois de plus, en devient encore plus pitoyable. Si seulement c’était au moins un bon film d’horreur, un genre qui se prête lui aussi parfaitement à l’évocation des mœurs viciées… Mais même cet aspect est complètement foiré…

À enterrer, oublier et a ne plus jamais mentionner.

Pour en Savoir Plus

The Stepfather sur IMDB

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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