We Summon the Darkness

Marc Meyers, U.S.A, 2019, 91 min

Puisant sa source dans la paranoïa du Satanisme au cœur des États-Unis, « We Summon the Darkness » se déroule ainsi en 1988, au pic de la Satanic Panic. Trois jeunes métalleuse se rendent à un concert de Heavy Metal, où le groupe ne chante que « The Devil, the Devil, the Devil ». Ça, c’est histoire de bien insister, au cas où on aurait mal compris que le sujet c’est le Satanisme. D’autant plus qu’en 2019, le sujet est à la mode, comme le démontre par exemple le film de Chelsea Stardsut « Satanic Panic ».

Alexandra Daddario, Maddie Hasson et Amy Forsyth dans We Summon the Darkness
L’action pourrait se passer n’importe quand entre 1988 et aujourd’hui…

En parallèle, l’actualité mentionne beaucoup sur une série de meurtres rituels, perpétrés par un culte de Satan. Mais la jeunesse ne semble pas trop concernée, puisqu’elle brave cette actu, et se réunit entre amateurices de musiques extrêmes. Les trois amies rencontre alors trois types un peu lourds, qui les dragouillent un petit peu, lourdement, mais pourtant ça match, et elles décident de les ramener chez une des trois, pour continuer la soirée…

Déjà, y’a quelques trucs qui vont pas…

Tout de suite, ce qui dérange le plus dans le métrage de Marc Meyers, c’est la reconstitution approximative des années 1980. L’interprétation des acteurices ne se montre pas du tout en accord avec les attitudes de personnes vivant réellement dans les années 1980. Que ce soit dans leur posture, leur style vestimentaire, leur tête… Rien ne donne jamais l’impression de se retrouver véritable face à un récit qui se passe dans les eighties. C’est là le point faible principal du métrage, et il faut le dire, il reste un peu tatillon.

Logan Miller, Keean Johnson et Austin Swift dans We Summon the Darkness
Ça c’est des trentenaires de 2020 qui font des friperies… Pas des ados de 1980…

Le second problème réside dans sa lenteur : le récit met une plombe à commencer… La séquence où ils se rencontrent sur le parking du concert dure tellement longtemps, elle s’avère peu intéressante et c’est gênant plus qu’autre chose. Encore que, peut-être est-ce une volonté de faire ressentir le malaise au public. Souffrant un peu du syndrome « ’Hostel », avec toute une première partie concernant uniquement la surreprésentation de personnages stéréotypés, un peu trop d’ailleurs pour qu’on les prenne en empathie.

Un film brouillon, qui ne sait pas trop vers quel Satan se vouer

Il est difficile de comprendre les enjeux du récit, qui apparaissent peu clairs. Tout comme le propos globalement confus, il tente de moquer un petit peu la radicalisation avec un taquet à l’Église, et les médias avec leur interprétation d’un sujet qu’ils ignorent. Cela est malheureusement trop peu développé. En fin de compte, « We Summon the Darkness » peine à s’écarter de son intrigue principale, ne tournant qu’autour d’un concept déjà trop vu. Cela crée une certaine frustration, car ça promettait plus que ce résultat en demi-teinte.

Les jeunes profitent autour d'un feu dans We Summon the Darkness
La bon temps avant la tempête, comme on dit !

Le film essaye également d’inscrire son visuel en s’inspirant de la nature underground du Metal made in eighties. Empruntant aux imageries satanistes de groupes de l’époque, comme les débuts de Slayer, l’arrivée de Bathory, qui eut une influence sur le Black Metal, encore embryonnaire en 1988, mais sur le point d’être « popularisé ». Le problème reste que cette imagerie correspond peu aux personnages, et même au style de musique qu’ils écoutent. Pour exemple, au concert, le groupe fictif s’appelle « The Soldiers of Satan », ses membres portent des t-shirts d’Anthrax ou de Twisted Sister, quand les protagonistes se livrent un débat sur Metallica et Megadeth… Voilà un extrait de monologue du personnage « rigolo » de la bande :

« […] Twisted Sister, fucking Môtley Crüe, fucking Metallica, fucking Slayer… »

Ça name drop des références à la pelle, sans entrer dans le moindre propos structurel. Le scénario semble alors avoir été écrit par des personnes totalement étrangères au monde du Metal, mettant un peu tous les groupes à l’imagerie plus ou moins Sataniste, dans le même panier. Sans évoquer les musiciens qui à l’époque s’en revendiquaient, mais qui ne sont jamais entrés dans la popularité du mainstream, donc leur héritage reste de niche.

Une production de genre qui n’a pas à rougir

Pour ce qui est du reste, ça se regarde assez facilement et c’est même drôle, à défaut de faire vraiment peur. Les raccourcis scénaristiques se révèlent un peu trop flagrants, et il manque une vraie volonté de raconter autre chose qu’une variation de Home Invasion. Pour exemple, un des personnages subit une attaque impressionnante, sans décéder, sauf qu’il ou elle ne revient pas par la suite, et disparaît brutalement du récit… Cela laisse envisager une coupe au montage. Sans se montrer particulièrement gore, le métrage se révèle assez sanglant, avec des meurtres, où des tentatives de meurtre, qui font évoque au bon souvenir du Slasher.

Johnny Knoxville dans We Summon the Darkness
Ha oui, dedans y’a Johnny Knoxville… Qui joue un prêtre…

Le métrage se présente comme un patchwork à la croisée de plusieurs genres, entre le « Cult Movie », le « Home Invasion », le « Survival », et donc le « Sasher », qui occupe la majeure partie de l’intrigue. C’est plutôt là une bonne idée, puisque ça permet au récit d’évoluer, et de surprendre un minimum, donnant au métrage un rendu assez fluide, et quelque peu inattendu. Même si les clichés restent omniprésents, et qu’il est aisé de repérer les retournements de situations à l’avance, le film ne manque pas de générosité, il en est rempli même, et ça marche assez bien.

Un petit film d’Horreur honnête

« We Summon the Darkness » est à regarder comme ce qu’il est : une production horrifique bis. Elle ne se prétend pas autre chose, avec un délire assumé amusant à suivre. Après en comparaison avec diverses productions du genre, il lui manque une véritable identité qui aurait pu le faire devenir un incontournable. Il en résulte un métrage fun, sans prétention autre que de divertir, ce qui demeure sa grande qualité, mais paradoxalement son gros défaut. Puisqu’il ne se permet jamais d’audaces, et malgré une mise en scène pas inintéressante, il manque de réelles surprises, et le film reste bloqué en toute rigidité dans son synopsis de base. Dommage.

Pour en Savoir Plus

We Summon the Devil sur IMDB

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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