Mary Lambert, U.S.A, 1989, 103 min
Haaaaaa, le charme désuet des années 80. Mieux vaut s’y montrer sensible avant de se lancer dans cette adaptation cinématographique de « Pet Sematary », inspiré du roman de Stephen King, qui en signe d’ailleurs le scénario. Il se fend également d’un petit caméo rigolo, le temps d’une courte séquence. Le maître approuve, et contrôle sa création, c’est bon à prendre en compte, car le film diverge pas mal de son matériel d’origine.
Une satire qui manque un petit peu d’humour
Étrangement, tout l’humour présent dans le livre à l’origine de situations par moments absurdes s’avère absent. Notamment à travers Louis, le personnage principal est un pauvre type un peu à côté de la plaque, peu charismatique, un peu gnangnan, égoïste, frimeur de blase, et légèrement porté sur la boisson. Dans sa version ciné, il est complètement aseptisé, devenant un père de famille aimant, typique de la Upper Class américaine. Médecin, marié, papa et propriétaire, il présente bien sous tout rapport.
Ça, c’est ce que le film prend plaisir à faire voler en éclat. Bien que la vitrine resplendisse, dès qu’on passe la porte des Creed, c’est en fin de compte une famille lambda, avec ses secrets et ses non-dits. Elle pose bien ses œillères pour s’assurer de ne rien voir, et continuer de faire comme si tout va bien. Comme le bouquin, « Pet Sematary » livre un portrait du couple, de la notion d’appartenance, et de la sacro-sainte famille nucléaire, par le biais détourné de l’horreur.
Un film généreux malgré ses défauts évidents
Il aborde ainsi des thématiques fortes, très peu mises en avant à Hollywood. Là-dessus, le film marque carrément des points, par sa finesse d’analyse, et du rendu écrit qui portent haut un scénario efficacement rédigé. De plus, généreux dans le gore, et maniant une ambiance « étrange » sans jamais basculer dans l’horreur totale, c’est un drame familial aux doux relents d’épouvante qui est proposé. Dans son ensemble, le film tourne vraiment bien, et a finalement assez peu vieilli, si tant est que l’on se montre un peu laxe sur quelques séquences.
Les acteurices n’apparaissent pas tous très bons, et semblent par moment complètement livrés à eux-mêmes. Cette marque de fabrique de Mary Lambert constitue également le défaut principal de sa suite : la direction des acteurices. Par moment, cela frôle la parodie. À l’instar de l’acteur principal, dont le nom me fuit, falot en diable il peine à donner de la texture à son personnage. Il joue avec un premier degré pas du tout convaincant, risible à plus d’une reprise.
Une production honnête qui vous en donnera pour votre temps
L’amusant avec ce « Pet Samatary », c’est justement ce premier degré qui se retrouve beaucoup dans les films de la période. Tout est ainsi invoqué pour donner vie à une histoire sérieuse et riche. Et même si ça reste du bon gros bis qui tâche, il y avait clairement la volonté de proposer un spectacle honnête, et encore une fois général. Il se trouve là le nerf de la guerre de ce genre de production, au-delà du profit, du tout-puissant DOLLAR. Le film témoigne d’une réelle démarche de satisfaction, pour le public, sans trop se foutre de sa petite gueule. Et la présence de Stephen King au cœur même du projet y joue sans doute pour beaucoup, elle qui a toujours nourri un intérêt pour le cinéma. Jusqu’à réaliser lui-même un film en 1986, sous l’emprise, de son propre aveu, de la coke.
Au final, « Pet Sematary » c’est une bonne petite production d’horreur, agréable à voir, ou à revoir, c’est selon. Efficace et surprenant, de par les quelques libertés vis-à-vis du bouquin qui se prêtent parfois plus au cinéma, mais impact un peu l’ampleur dramatique du roman, le métrage tient encore bien la distance. Même du haut de ses trente ans, en comparaison à l’adaptation de 2019, il demeure un cran au-dessus. Sans abuser des Jump scare et d’une violence superficielle, en prenant le temps de poser le décor, pour s’amuser à tout égratigner. Le récit parvient à happer l’attention, par des personnages attachants, et propose, pour la plus grande joie des puritains, une fin à la morale des plus douteuses.
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