Pet Sematary

Kevin Kölsch & Dennis Widmyer, U.S.A, 2019, 101 min

Et non, la version 2019 de « Pet Sematary » n’est pas un remake de l’adaptation de 1989. C’est une nouvelle approche, plutôt libre du roman de Stephen King, qui remet au goût du jour cette histoire de chat zombie. Malgré une démarche plus « gruesome » des plus bienvenue, au-delà de son esthétique léchée, le film de Kevin Kölsch & Dennis Widmyer ressemble un peu à tout ce que l’Horreur proposait à la fin des années 2010. Et s’avère en cela un effort définitivement vain.

Le cimetière des animaux dans Pet Samatary 
On ne peut retirer au film un certain sens de l’esthétisme

Le point positif réside dans les libertés prises avec le roman, qui sont très bien, et il n’y a rien à dire de ce côté-là. Elles permettent en plus de surprendre les spectateurices. Pour le coup, c’est vraiment une bonne idée. [Sauf que] jamais le métrage n’exploite ces petits changements disséminés au fur et à mesure que le récit avance.

Un patchwork de tout, mais en moins bien

En résulte une œuvre (et c’était déjà l’un des symptômes des « IT » de 2017 et 2019) qui n’arrive pas à s’extraire du roman initial. Le bouquin racontait autre chose, avec une approche métaphorique, sur le couple, la famille, l’adultère, tout ça. Mais le film conserve ces métaphores, en changeant l’histoire, les libertés entreprises impliquent de revoir le récit, or, ici il ne parvient jamais à vivre par lui-même.

Des enfants masqués dans Pet Samatary 
Le film essaye de se donner un petit côté Folk horror, mais…

Encore une fois, ce sont dans les mêmes écueils présentés par « IT » que tombe « Pet Sematary ». Modifier des éléments du roman implique de raconter l’histoire sous un autre angle, par une approche différente. Du fait, Kölsch & Widmyer optent pour une optique qui ne fait absolument plus sens. À mesure que le métrage défile, avec son lot de violons et ses Jump scare, tout s’avère très convenu, parfois ridicule, souvent injustifié.

Un œuvre sans audaces

La violence physique, explicite, prend le pas sur la violence morale ou psychique qui donne sa richesse du livre, et de son adaptation de 1989. Plus le film avance et plus les situations sont attendues et téléphonées. Puis c’est le décrochage qui l’emporte. Et cette fois pas de Clancy Brown en roue libre pour se rattacher à quoi que ce soit. Il faut attendre la dernière séquence [c’était la dernière séance, et le rideau sur l’écran est tombé…] pour que le film propose enfin un truc. Mais, Ô frustration, il se termine presque là où il aurait dû commencer, par une scène qui aurait changé la donne en milieu de récit.

Le chat zombie dans Pet Samatary 
« rhaaaa miou miou… arghhhhhh miou »

En gros pendant 45 minutes il ne se passe plus rien à l’écran, et ça s’emballe d’un coup dans les 5 dernières minutes avant le générique… Et c’est là un symptôme de son manque d’autonomie vis-à-vis du bouquin. Partir en milieu de métrage sur l’idée de la fin, choquante, aurait ouvert le champ des possibles à une réappropriation ambitieuse et courageuse du roman. Il n’avait rien à perdre, puisqu’une adaptation fidèle existe déjà, ne fallait pas hésiter à relever les manches et plonger les mains dans le cambouis. Ça aurait de la gueule. Vraiment, le plan final évoque plein de promesses… Ô frustration…

De l’hommage ou du plagiat ?

Le film pompe allégrement dans tout le cinéma d’horreur, on ne peut penser qu’à « The Evil Dead » par moment (encore une fois, puisque c’était déjà l’un des symptômes de « IT »). On y retrouve du « Massacre à la Tronçonneuse », du « Poltergeist » par ici, du « Amityville » par là… Ça en devient fatigant de revoir sans inlassablement les mêmes choses, on vient voir des Films, pas des Best of. Même le remake « Evil Dead » en 2013 ressemblait moins à « The Evil Dead » que des séquences entières de ce « Pet Sematary ».

Une petite fille zombie dans Pet Samatary 
Mais à trop donner dans l’esthétisme, le film perd le fil de son propos…

Les cinéastes semblent être devenus fainéants, et les studios à trop calculer leurs prises de risques plombent la production. Si l’horreur paraît de plus en plus sombre, en réalité, c’est un visuel qui est vendu, et non réellement son contenu. En allant voir « Pet Samatary » ou « IT », on a déjà en tête les images terrifiantes présentes sur les affiches, dans les bandes-annonces, les photos de promo, les interviews, les critiques, les chroniques et tutti quanti. Mais il n’y a plus d’audace. Une vrai p*tain d’audace dedieu, viscérale et choquante, avec du traumatique en boite à t’empêcher de fermer l’œil des jours durant. Créer cette peur de voir un zombie sous ton lit, dans ton placard, ou derrière la vitre brisée d’une permanence LaREM.

la famille dans Pet Samatary 
Une belle famille bien américaine, comme l’Amérique puritaine aime tant !

Les deux « IT » et « Pet Sematary » demeurent au final des petits produits inoffensifs, visuellement très beaux. Y’a pas à dire, l’image est nickel, les plans sont superbes, l’esthétique est magnifique. Sombre, crade, mais il s’en dégage une certaine poésie. Mais on ne va pas voir un film d’horreur ou d’épouvante pour sa beauté. Ça, c’est le petit plus. On va voir un film d’horreur ou d’épouvante pour se faire peur, pour le frisson.

Une nouvelle adaptation d’une grande pauvreté

Prenons le cas de « Midsommar ». « Midsommar » constitue une œuvre visuellement magnifique et aboutie, où chaque plan est bossé, les couleurs, les décors, tout s’y révèle splendide. Mais le métrage raconte une histoire, et contrebalance cette beauté visuelle par une horreur viscérale, inattendue, rêche et violente. Comme l’étaient les films d’Horreur de « Massacre à la Tronçonneuse » en 1974 à « Scream » en 1996. 22 ans où tout a été fais à plus ou moins grande échelle.

Jason Clarke dans Pet Samatary 
Jason Clarke enterre sa carrière, dans un magnifique décors gothique !

Puis dans les années 2000 il y a eu la saga « Saw », puis « Hostel », qui ont un peu redistribué les cartes de l’horreur. Ils ont été suivis par quelques réalisations fortes, comme le remake de « Massacre à la Tronçonneuse », justement, sorti en 2004, et qui prenait le contre-pied de l’original pour proposer un spectacle nouveau. Réellement horrifique, moins psychologique, et au visuel dégueulassement magnifique. Tout en parvenant à nous faire vivre les 70’s.

Bref, tout ça pour dire que « Pet Sematary » 2019 c’est pas fou. Même si Jason Clarke reste un acteur cool et qu’il sauve un peu l’ensemble, il ne semble pas y avoir grand-chose à ajouter sur le sujet.

Pour en Savoir Plus

Pet Sematary sur IMDB

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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