Dead Snow

Tommy Wirkola, Norvège, 2009, 91 min

À mi-chemin entre le Slasher et le film de Zombie, « Dead Snow » se révèle assez rapidement une œuvre originale dans sa forme, du fait que la menace vient de morts-vivants nazis. Dans un hommage à peine camouflé à « Evil Dead » (qui correspond à un autre genre), Tommy Wirkola semble avoir mis dans cette production toutes ses influences, par le biais d’un patchwork un peu foutraque, mais totalement assumé. Cela donne à l’ensemble du film une ambiance fun, à l’atmosphère délirante, tout en se permettant le luxe de composer une œuvre horrifique solide, qui tient la route du début à la fin.

Les personnages principaux de Dead Snow
Un petit parfum « The Evil Dead » englobe l’ensemble du film

Sur un rythme étrange, le récit s’étoffe en prenant à contre-pied pas mal de clichés, grâce à l’écriture poussée de ses personnages. En effet, ces derniers se révèlent tous un peu bizarres, à leur manière, ce qui brouille légèrement les pistes de leurs destins. Cela fonctionne plutôt bien, puisque leurs réactions inattendues, surtout dans ce genre de production, s’avèrent des plus rafraîchissantes. L’autre point positif, ce sont ces zombies du IIIe Reich. Ils ancrent encore un peu plus la figure du nazi au cœur de la pop culture, s’éloignant d’une entité historique dont il ne reste plus grand-chose de vrai à l’écran.

Une pure œuvre d’exploitation

Tommy Wirkola semble avoir bien compris tout le potentiel du nazi de cinéma, ce qui lui permet d’apposer à son œuvre une sorte d’authenticité très nordique. Au-delà des décors somptueux de la Norvège sauvage, c’est à tout un imaginaire scandinave auquel il fait appel, convoquant une vieille légende qu’il mixe avec ces boogeyman contemporains que sont devenus les nazis. En effet, ce ne sont pas totalement des zombies, mais des draugs, une entité issue d’un folklore nordique ancestral. Le draug c’est un mort-vivant qui revient à la vie pour protéger un trésor, et ne répond pas tout à fait au standard du film de zombie, tel que George A. Romero l’a établi.

Une protagoniste de Dead Snow
Vous pensiez que c’était finit et pourtant…

En mêlant la Pop culture à la culture scandinave, Tommy Wirkola obtient un résultat des plus convaincants, presque fascinant. Si le film s’avère peu original d’un point de vue horrifique (des jeunes vont dans un chalet, découvrent un élément perturbateur, sont dégommés par des zombies, essayent de survivre…), un effort supplémentaire est attribué à l’ambiance. Généreux dans le gore, ce dernier met du temps à arriver, par des petites touches ici et là, mais annonce une conclusion sans concessions. Cette promesse, tenue par le réalisateur, s’apprécie dans un final à la hauteur des attentes : gore et fun à souhait.

Ambition ne veut pas forcément dire prétentions

Avec « Dead Snow », Tommy Wirkola n’a aucune prétention de révolutionner quoi que ce soit, et encore moins d’offrir de quelconques lettres de noblesse à un genre, bien au contraire. Il s’intègre parfaitement dans tout un pan du cinéma horrifique populaire, de la série B qui frôle le Z, en assumant sans cesse ses positions. Pour exemple, l’un des protagonistes porte un t-shirt « Braindead », celui de Peter Jackson, et certains plans viennent appuyer le clin d’œil à l’œuvre gore par excellence. « Braindead », « Evil Dead », « Friday the 13 th », « Scream », voir même « L’Abîme des Morts vivants »… les références sont nombreuses. Mais, le film ne tombe jamais totalement dans un délire méta-tarantinesque, dans la mesure où Wirkola reste maître de ses pulsions cinéphiliques.

Un protagoniste de Dead Snow avec une mitraillette
Disons-le, bien plus efficace que la tronçonneuse et le canon scié…

Le cinéaste norvégien propose une mythologie solide dans un univers très codifié, qui donne au contexte un ancrage, lui permettant de conter son récit sans trop se soucier d’une quelconque cohérence. Cette dernière se dessine à mesure que les protagonistes évoluent, ou plutôt se révèlent et que les raisons de l’attaque des draugs nazis se justifient progressivement. Le tout est emballé dans une bonne humeur générale, un humour potache et une sorte de puérilité maîtrisée, qui ne rend pas le film fatiguant, ou les personnages agaçants, comme souvent dans ce genre de production.

Une production généreuse et authentique

Avec un budget modeste, estimé à 800 000 $, insuffisant pour les intentions de son metteur en scène, « Dead Snow » parvient à l’utiliser avec parcimonie, et sur 1 h 30 il ne connaît pas vraiment de moments creux. C’est un film qui prend son temps, il pose des personnages, développe une ambiance, crée un malaise et s’amuse un peu avec deux ou trois Jump scare à deux balles (jamais utiles, il se moque du procédé). Puis, il plonge doucement (mais sûrement) dans un gore débridé qui débarque sans crier gare, et se clôt dans une avalanche sanglante extrême, fun, grotesque et absurde, mais terriblement sympathique.

Des zombies nazis dans Dead Snow
… »Nous sommes te retour ! Arch ! »

Les amateurs de gore et de production bis déviantes apprécieront forcément (il y a des nazis déjà, zombifiés en plus…), puisque le métrage touche la quintessence d’un genre tombé de plus en plus en désuétude. Venu des terres gelées de Norvège, « Dead Snow » se présente comme le digne héritier d’une manière de faire qui n’appartient pas qu’à Hollywood. Il démontre que même le cinéma européen peut proposer des comédies gores tout aussi allumées que nos amis outre-Atlantique. Bref, « Dead Snow » ça fait du bien à un genre qui a besoin de ce type de démarches, épargnées par le cynisme d’une exploitation hollywoodienne où les œuvres de cette nature se montrent de plus en plus rares..

Pour en Savoir Plus

Dead Snow sur IMDB

Dead Snow sur Rotten Tomatoes

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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