Paul W.S Anderson, U.S.A, 1995, 101 min
À la fin de l’année 1994, deux adaptations de jeu vidéo de bagarre sortent au cinéma, avec des succès, disons, relatifs. Le premier « Double Dragon » est un échec à la fois commercial et critique, puisqu’avec son budget à 7 millions de dollars, il n’en remporte qu’à peine 2,5 millions. Le second, « Street Fighter » est pour sa part un succès commercial, mais les critiques le dégomment, avec son budget de 35 millions de dollar et Van Damme en tête d’affiche, il atteint quasiment les 100 million de recettes. Voilà qui ouvre la porter à une troisième adaptation : « Mortal Kombat »
Jeu vidéo à succès, « Mortal Kombat » arrive sur les écrans six mois après celle de son principal concurrent dans les bornes arcades. Ici, les faiseurs ont fumé un peu moins de crack et décidé de rester plus fidèles à l’univers du jeu. Pour ce qui est de l’histoire, ils ne se sont pas foulés, et c’est tant mieux : des combattants sont recrutés pour s’affronter lors d’un tournoi opposant le bien au mal. L’issu du dit tournoi concerne tout de même le destin de la Terre, vaste programme.
Une production de peu d’envergure
Ce qui frappe en premier lieu est que l’ultra-violence débridée, qui a forgé le succès du jeu, est ici écartée, le côté gore des Fatality s’avère simplement absent. Tout dans le film se révèle aseptisé et très plat. Pour l’amateur de la première heure, l’aspect rendu aux personnages fait tiquer (haaa, Johnny Cage et son petit polo turquoise). Idem au niveau de leur exploitation, comme Sub-Zéro ou Scorpion, tout simplement sous-exploité et éliminé bien trop rapidement et de manière stupide, pour qui connaît le jeu.
Quant aux cast, il semble divisé, entre ceux qui donnent (trop ?) de leur personne et ceux qui n’y croient absolument pas. La mise en scène ne les aide en rien, ils passent leurs temps à faire des galipettes et des petits sauts entre trois coups de pied retournés du plus mauvais effet. Une mention spéciale est à décerner aux fatigants et innombrables plans en contre-plongées. De plus, les combats se montrent assez minimalistes et se ressemblent tous les uns les autres. Le budget chorégraphie était visiblement passé dans la perruque de Christophe Lambert. Enfin, pour achever le spectateur, un manque de rythme permet de s’ennuyer fermement devant une intrigue se résumant à quelques blablas peu intéressants.
La naissance d’un zéro
On se régalera des effets spéciaux balbutiants (alors à leurs débuts) et des décors carton-pâte (alors sur la fin). Mais c’est surtout la bande-son assez fun, typée techno 90’s, qui apporte encore aujourd’hui, un léger intérêt. Après tout devant la tristesse du projet, il faut bien se contenter du peu qui est mis à disposition. D’autant plus que « Mortal Kombat » sera le plus grand succès d’une adaptation vidéoludique, avec plus de 122 millions de dollars de recette sur un budget de 18 millions. Alors, en plus d’ouvrir la porte à une suite, le film marque aussi le début de la carrière d’un certain Paul W.S Anderson.
Paul W.S Anderson est un cinéaste né dans le Nord de l’Angleterre en 1965. Il écrit et réalise son premier métrage « Shopping » en 1994, un petit film de gangsters, notable pour être le premier rôle de Jude Law au cinéma. L’année d’après il réalise donc « Mortal Kombat », un pur produit préfabriqué de studio, qui façonne sa filmographie jusqu’en 2002. À cette date, il devient producteur, scénariste et réalisateur, prend le contrôle sur ses films et devient, ce qui peut faire mal à dire, un auteur, avec le premier « Resident Evil ». Il se spécialise ensuite dans l’adaptation de jeu vidéo (mais pas que) assez bas de gamme, mais toujours un peu jouissif.
Restons cléments avec ces vieux trucs
« Mortal Kombat » est en quelque sorte le certificat de naissance du cinéaste Paul W.S Anderson, puisqu’il définit très clairement l’ensemble de sa carrière. C’est cheap, mais efficace, c’est beauf, mais généreux, ça propose du grand spectacle avec des bouts de ficelles, un peu de techno comme cache-misère, et ça passe. Alors, le temps n’a pas été clément avec le film, il est techniquement dépassé sur à peu près tout. Cependant, il conserve le charme d’une œuvre pionnière, car si aujourd’hui nous sommes habitués aux adaptations, c’était là l’une des toutes premières. En cela, il est bon de rester bienveillant avec lui, et puis de toute façon il y a le deux pour s’acharner.
Pour en Savoir Plus
Mortal Kombat : Annihilation sur IMDB
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