Mortal Kombat

Simon McQuoid, U.S.A, 2021, 110 min

Lorsque l’on apprend qu’un nouveau « Mortal Kombat » va voir le jour, qui plus est au cinéma, le cerveau active une réactivité toute naturelle : il s’en fiche totalement. Trop d’heures furent gaspillées devant les programmes inspirés de la franchise. Des films et des séries, au mieux médiocres, mais le plus souvent catastrophiques. Puis, les premières images arrivent. Alors le cerveau se dit « Pourquoi pas… », sans trop y croire beaucoup plus.

Toute survie n’est qu’histoire d’adaptation

En plus, soyons honnêtes, les jeux se suffisent amplement à eux-mêmes. Le gore des Fatality, qui en compose toute la saveur, ne sera jamais autant osé, surtout par un studio aussi frileux que la Warner… Vous saviez qu’en plus de « Mortal Kombat » (1995) et « Mortal Kombat : Annihilation » (1997), il existe aussi deux séries live ? Inutile est l’intérêt de revenir dessus, mais quand même. Il est à noter que « Mortal Kombat : Conquest », diffusé en 1998, compte dans son casting Daniel Bernhardt : une espèce de sous -Van Damme de vidéoclub… c’est dire… Bref, ça s’égare.

Un décors d'une arène dans Mortal Kombat
Une production design digne de ce nom, pour une fois !

La seule adaptation qui tienne un peu la route, c’est la première par Paul WS Anderson qui possède la nostalgie de la techno Thunderdome, et conserve une ambiance ringardo-sympathique. Sans être vraiment un bon film, ça reste un truc fun. Mais 1995, ce n’est pas 2021. Venir nous vendre un nouveau produit estampillé « Mortal Kombat », c’est pas un peu nous prendre pour des pivoines ?

Mortal Kombat c’est pas la foire à l’originalité

Cinéaste totalement inconnu, Simon McQuoid réalise donc un film insipide sans mise en scène. Très peu inspiré, que ce soit dans son visuel sans caractère ou ses effets de caméra impersonnels, dans un premier temps ce « Mortal Kombat » ressemble un peu trop à n’importe quel produit générique. Illustrant un petit peu ce septième art moribond, symptomatique de notre époque. L’arc narratif principal est rapidement éventé, puisque plus les minutes passent, et plus s’éloigne la perspective d’un tournoi… Et c’est le sempiternel méchant lambda pas gentil qui arrive pour détruire le monde, parce qu’il est méchant et non pas gentil.

Le méchant dans Mortal Kombat
Un méchant pas trop ringard (même si un peu quand même)

D’ailleurs, à aucun moment le film n’essaye de faire semblant de raconter un truc. C’est juste un canevas d’aventure, ponctué ici et là par quelques scènes de baston, au beau milieu du vide scénaristique. Les combats sont, de plus, uniquement justifiés par les apparitions inopinées des méchants. De temps à autre, ils viennent rappeler aux gentils, et aux spectateurs que derrière tout ça il y a un enjeu. Niveau narration, on se retrouve donc face à un niveau d’écriture proche du dessin d’un enfant de maternelle, à qui l’on a laissé une feuille de papier et de la peinture. Qu’est-ce que c’est mal écrit… Les dialogues se révèlent d’une platitude telle, que seule la pauvreté des enjeux peut rivaliser…

Et si il suffisait de diminuer ses attentes ?

Quant au casting, il se trouve dans l’ensemble complètement aux fraises, avec une mention toute particulière pour Lewis Tan, qui porte le film sur ses épaules en carton. Aussi charismatique qu’un poulet eco+ sous vide, il est à l’image de l’ensemble, une vaste blague… Et puis…

Lewis Tan dans Mortal Kombat
Un personnage principal créé uniquement pour les besoins du film ! Cool nan ?

Et puis, on réalise qu’en fait on regarde un film adapté de « Mortal Kombat »… Qu’est-ce qu’on se fiche du scénario ? La qualité des comédiens a-t-elle vraiment du poids ? C’est si important que la structure du film soit correcte ? Est-ce primordial que ça ressemble à une œuvre de cinéma ? Nan parce qu’en fait… Y’a de LA BAGARRE ??

Jaxx dans Mortal Kombat
Un Jaxx réussit, par rapport à un autre Jaxx de sinistre mémoire…

Une fois le deuil réalisé, que l’on s’est fait une raison et qu’on accepte que « Mortal Kombat » sauce 2021 ne soit pas pressenti pour la saison des Oscars, ni ne soit un prétendant au titre de film de l’année, qu’il aura autant d’impact sur le cinéma qu’une goutte d’eau au milieu du Pacifique, là en fait ça devient cool.

C’est là de toute façon… Autant profiter !

Mais qu’est-ce que c’est bon de se laisser prendre par ce film complètement naze, mais au demeurant sympathique ! Les personnages, en gros clichés qui se respectent, deviennent marrants à suivre et remplissent parfaitement ce qu’on attend d’un cliché : accomplir son devoir de cliché ! Et puis il est nécessaire de mentionner Kano, qui passe son temps à enchaîner les punchlines, en veux-tu ? En voilà ! Même si seulement 1 sur 10 fonctionne, lorsqu’il quitte l’écran, c’est presque qu’il manquerait…

Kano dans Mortal Kombat
Kano est certainement l’attraction de ce reboot !

Alors, inutile de bouder son plaisir. « Mortal Kombat » est appelé à devenir un péché aussi mignon que l’adaptation de 1995. Cette œuvre que peu admettront apprécier, pour ne pas paraître de mauvais goût, se déguste justement parce qu’elle reflète l’âme même de la franchise : le mauvais goût ! Les BAGARRES sont des BAGGARRES rythmés, travaillés et maîtrisés. D’ailleurs, le film fait assez peu appel aux effets numériques à tout-va. C’est un point positif pour lui, puisqu’au vu des décors il ne semble pas qu’ils avaient le budget pour. L’ensemble fait mumuse avec des vannes méta », en écho au jeu, qui parviennent à ne pas sombrer dans le fan service et le name dropping, ce à quoi viennent s’ajouter quelques Fatality qui ont de la gueule.

Ça pourrait quand même être un petit peu plus Mortal Kombat

On pourra cependant remettre quelques regrets par rapport à un gore trop timoré. Mais bon, ça reste un film de studio, et même s’il demeure un produit de niche, la nécessité de rapporter du blé à moindre fait se fait sentir. Pour compenser, l’omniprésence de ce petit côté « série B tournée dans des usines désaffectées », qui rappelle un peu quelques actioner cheap de la fin des 80’s, qui se rêvaient l’égal des grosses productions hollywoodiennes.

Scoprion dans Mortal Kombat
Un vrai Scorpion, digne de la légende !

Avec sa nature de film branlant assumé, avec du cœur, ce « Mortal Kombat » est certainement l’adaptation la plus réussie d’un jeu vidéo de BAGARRE (avec ce que cela implique, bien entendu…). Alors inutile de se la jouer snob, et sachons apprécier, en toute franchise cette petite œuvre jouissive, qui nous offre en plus l’un des Deus Ex-machina des plus cheaté, vus au cinéma depuis longtemps !

Putain de merde… c’est l’Fun !

Sub-Zero dans Mortal Kombat
Forcément, ils ont aussi réussi Sub-Zero ! Et rien que pour ça…

Pour en Savoir Plus

Mortal Kombat sur IMDB

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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