Poltergeist III

Gary Sherman, U.S.A, 1988, 97 min

Bye bye la famille Freeling, enfin sauf Carol Anne, sur laquelle le film essaye de capitaliser à fond. Quatre ans après un second chapitre vraiment pas terrible, et qui n’avait pas rapporté tant que ça la MGM remettait donc le couvert avec « Poltergeist III ». Fini la petite maison individuelle dans la banlieue de la Middle class huppée de Californie, cette fois l’action se déroule dans un immeuble à Chicago. Pourquoi ? Et bien bonne question… Le scénario plante Carol Anne chez sa tante, alors que la pauvre enfante passe son temps à réclamer sa mère, c’est tellement cruel, et sans vraiment d’explication. Enfin si, les acteurices des premiers films n’ont juste pas voulu signer…

Chicago dans Poltergeist III
Changement d’espace, qui aurait pu permettre une bonne critique de la vie en ville…
Tu parles…

Les années passent, et c’est toujours le même problème, une succession de suite ne détrône jamais (ou rarement) l’original, et ne permet à une franchise que de s’enfoncer dans la médiocrité. Si « Poltergeist III » se montre moins mauvais que le second volet, c’est uniquement du fait qu’il n’y avait plus rien à attendre. Dans la forme, c’est juste une énième tentative de retrouver le succès du film de Tobe Hooper, sans effort et en poursuivant l’arc narratif du deuxième opus, qui trahissait totalement celui de l’œuvre originale. Oui, on en arrive à ce niveau d’absurdité. Mais des exécutifs ont dû se dire qu’il y avait moyen..

Un échec sur toute la ligne, malgré du potentiel

Après Tobe Hooper et Brian Gibson, c’est à Gary Sherman de tenter l’aventure, un cinéaste spécialisé dans l’Horreur, qui avait tout à prouver avec cette grosse production. Auréolé du succès de « Dead & Buried » en 1981, Sherman s’était construit une petite réputation de faiseur sympathique, avant ce terrible « Poltergeist III » duquel il ne se relèvera pas vraiment. Après un dernier film en 1990, il s’occupera de quelques téléfilms et séries. Ironiquement, en 1997 il réalise un épisode de… « Poltergeist : The Legacy ». Mais il est difficile de savoir si l’échec de « Poltergeist III » s’avère simplement de son fait, ou si les pressions du studio étaient un petit peu trop insistantes.

Richard Fire dans Poltergeist III
« Hmmm, moi j’y crois pas trop à tout ça ! » – Par le psychologue dubitatif
(Ha oui, le film met un petit taquet gratos à la psychologie…)

Pour exemple, le film est bourré de bonnes idées, et elles auraient pu être géniales, à commencer par situer l’action dans un building ultra moderne, qui ouvre quand même un important champ des possibles. Mais « Poltergeist III » n’en mène absolument aucune jusqu’à son terme, ce n’est qu’une succession de trucs qui auraient pu être cool, mais qui à force de pétard mouillé, rendent juste un métrage « meh ! ». Il n’y a pas non plus d’unité de lieu, alors que Sherman essaye de mettre en place un huis clos un peu claustro, mais au-delà de la maison hantée. Le pari est raté, l’ensemble se résume à un foutoir pas possible, un gaspillage de temps et d’argent. Il ne reste aujourd’hui que le clou final d’une trilogie dont seul le premier filme mérite de passer dans la postérité.

Au bon temps du reaganisme bien puant

Même l’idéologie qui imprègne le film s’avère nauséabonde, et continue sur la ligne du second. Ici, Carol Anne vit avec sa tante, interprétée par Nancy Allen (dont la carrière allait décliner dangereusement après ce film). Cette dernière vit avec son mari qui élève une adolescente, issue d’un précédent mariage. Toute l’intrigue va alors se focaliser sur l’instinct maternel du personnage de Nancy Allen, qui n’a pas d’enfant… Mais comme toute femme à forcément cet instinct, elle devient finalement le remplacement spirituel de la mère de Carol Anne… Cela ne fait aucun sens.

Heather O'Rourke dans Poltergeist III
La malheureuse Heather O’Rourke, qui est sans doute la seule raison valable de revoir ce film

Mais le pire, c’est que le récit prend totalement le contrepied total du premier film, qui composait une œuvre sur l’émancipation de la mère de famille. Ici, il essaye de bien rappeler aux femmes la place qu’elles occupent dans la société. Le fait que Nancy Allen avait 37 ans et Tom Skerritt 55 ans montre un certain rapport de force fantasmé par l’exécutif hollywoodien lambda. Il vient desservir un message conservateur dans l’air du temps, mais en opposition totale avec le chemin qu’aurait dû emprunter cette trilogie.

Nancy Allen et Tom Skerritt
Nancy Allen et Tom Skerritt, composent certainement l’un des pires couples du Cinéma

Et puis il y a bien sûr le sort tragique de l’actrice Heather O’Rourke, l’interprète de Carol Anne, décédé à l’âge de 12 ans, pendant le tournage. Un mauvais diagnostic avait amené des médecins à la mettre sous un traitement non adapté, la pauvre apparaît toute gonflée et clairement pas en bonne santé. Le tournage du film s’est terminé après sa mort et c’est une doublure qui joue son rôle dans la dernière scène finale, sous la pression du Studio. Il a été demandé à ce que la séquence soit retournée pour y mettre plus de gore, afin d’obtenir un classement au minimum PG-13. Cette anecdote s’avère particulièrement glaçante et rajoute un certain mépris qu’il est possible de montrer pour cette production.

Une trilogie qui fait plouf

Tout avait si bien commencé en 1982, l’association Spielberg/Hooper avait réalisé des merveilles, sans promettre de suite, « Poltergeist » était juste un petit film d’épouvante terriblement sympathique et impressionnant, avec du fond. Ses deux séquelles révèlent ce qu’il y a de pire dans le système d’exploitation hollywoodien, qui ne prend clairement pas le genre de l’Horreur au sérieux. Les producteurs pensent pouvoir abreuver sans cesse les aficionados, avec des objets bas de gamme, qui ne trahissent pas seulement le succès initial, mais démontrent bien le peu de considération que ce genre cinématographique a pour les Studios. Ce « Poltergeist III » en est une preuve supplémentaire, qui n’est ni un bon film, ni ne bonne suite, ni même un bon produit d’exploitation… Le seul intérêt de ne pas oublier ce film, c’est pour la mémoire d’Heather O’Rourke, et encore, le film parvient même à rendre ça malsain… À vous de voir!

Lara Flynn Boyle dans Poltergeist III
Votre ressenti lorsque vous arrivez au générique de fin et que vous avez battu le film

Pour en Savoir Plus

Poltergeist III sur IMDB

Poltergeist III sur Rotten Tomatoes

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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