Mike Flanagan, U.S.A, 2016, 81 min
En 2016, trois productions signées Mike Flanagan débarquent sur les écrans. Autant dire que le type bosse rapidement, et bien avec ça. Parmi ces trois œuvres, la plus aboutie demeure certainement « Hush », un film-concept tournant autour d’un seul plot, très simple. Maddie, une jeune femme sourde et muette, est harcelée à son domicile, une maison au milieu de la forêt, par un type muni d’une arbalète, qui prend un malin plaisir à la cuisiner.
L’homme pourrait l’attaquer à de nombreuses reprises, en brisant les fenêtres par exemple, mais non, il préfère lui tourner autour pour bien lui faire comprendre qu’elle ne peut envisager aucune échappatoire. Tuer semble être ce qui l’éclate, mais faire mumuse avec sa proie, tels un chat et une malheureuse souris, lui augmente visiblement sa dose d’excitation.
Un jeu de chat et de la souris des plus terrifiants
Tourné en 18 jours pour un budget de 1 million de $, « Hush » est une production estampillée Blumhouse, que Flanagan à co-écrite avec Katie Siegel, dont il est l’époux. D’une durée de 70 minutes, le métrage ne compte que 15 minutes de dialogues, mais il ne demeure pas pour autant exempt de sonorités, puisque tout un travail est fait sur les bruitages environnants Maddie. Sachant que seuls les spectateurices peuvent les entendre, plongeant un peu plus dans l’angoisse. De prime abord Horrifique, avec quelques petits moments gores des mieux sentis, c’est avant tout le suspens qui l’emporte.
Se demander comment Maddie va pouvoir s’en sortir, seule dans sa maison, avec l’autre taré qui lui rôde autour. Lui faisant bien comprendre qu’il est là, et qu’il ne la lâchera pas. Le plus gros point fort du métrage se trouve dans le choix de ne rien dévoiler en ce qui concerne les motivations de l’assaillant. Au générique de fin, il est simplement crédité comme « The Man ». Tout est fait pour le déshumaniser au possible, et rendre le calvaire de Maddie encore plus intenable, réduisant cet homme capable de tout à une silhouette assassine.
Le tout pour le concept
D’une efficacité rare, doublé d’une générosité sans faille, « Hush » ressemble un peu à une petite récréation pour Mike Flanagan. Il laisse légèrement les thématiques qui alimentent son cinéma depuis « Absentia » de côté, même s’il est possible de déceler que Maddie vit un rapport de couple compliqué, qui semble sur la fin. Elle a également une relation privilégiée avec sa sœur.
Pour le reste, le spectacteurice apprend que petite elle a souffert d’une méningite qui l’a laissée sourde et muette, et rien d’autre. Ce sont là les uniques informations données, dans les premières minutes, pour présenter le personnage. Cela permet à quiconque de savoir comment elle fonctionne, et qui justifie son comportement pour le reste du métrage.
Une œuvre originale dans une continuité très codifié
Rapidement, malgré son lourd handicap, Maddie apparaît comme une personne forte, qui ne se laissera pas faire, n’attendant pas son heure frappant à la porte sans agir. Au contraire, elle rend coup pour coup, et en met même certains inattendus. Elle incarne une soif de vivre proche de la trempe des protagonistes qu’il est possible de retrouver dans les Slashers.
Très référentielle, « Hush » est l’œuvre de cinéphiles qui connaissent parfaitement leur partition. Elle convoque tout un pan du cinéma horrifique, en particulier le sous-genre du Slasher, comme évoqué juste au-dessus. Mais il y a aussi les traces d’un cinéma plus classique, qui peut aller de Hitchcock à DePalma, en passant par John Carpenter, ou encore Dario Argento, pour ne citer qu’eux. Clairement, le film tient la mesure, malgré son statut de minuscule production, à côté de ce qu’ont pu proposer ces grands noms lors de leurs heures de gloire.
un exercice de style virtuose
« Hush » démontre une mise en scène d’exception, avec une maîtrise sur l’ensemble des recoins environnant. Par l’usage du décor unique que représente la maison, l’unité de lieu est exploitée dans tout ce qu’elle peut offrir. Poussant le concept au maximum, afin d’en extraire la séquence la plus angoissante possible, pour servir un public qui ne peut être que conquis, enfin, au moins les amateurices du genre.
Mais franchement, même si vous n’êtes pas des aficionados de l’épouvante, du thriller, ou de l’horreur, ça peut être pas mal de faire l’effort de regarder « Hush ». Il démontre qu’il n’est pas utile d’avoir des millions entre les mains pour réaliser des films efficaces, honnêtes et purement jouissifs. Depuis sa sortie en 2016, « Hush » reste l’une des réalisations des plus remarquables de Mike Flanagan.
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