Ruben Fleischer, U.S.A, 2019, 99 min
Attendue depuis longtemps, il aura fallu patienter dix ans pour voir débarquer « Zombieland : Double Tap ». Sur le principe du « on prend les mêmes et on recommence » le film se place dès son générique de début (il commence même dès la présentation des logos de production) dans la lignée directe de son prédécesseur. L’introduction annonce la couleur, on va avoir affaire à un métrage fun, gore, et généreux. Et le meilleur c’est que le film tient toutes ces promesses.
Une carrière et un genre en fin de vie
Depuis le premier volet, la carrière de Ruben Fleischer n’a pas été tellement convaincante. « Gangster Squad » était sympathique, mais relativement moyen, et « Venom »… C’est une catastrophe industrielle sans nom. De plus, il a été complètement dépossédé de sa réalisation par Sony. Ayant réalisé un film violent et gore, le studio l’a viré, commander des reshoot, et retirer toutes les scènes horrifiques pour proposer un produit plus accessible à un public jeune. Super. Fleischer avait donc plus d’une frustration à exorciser avec ce « Zombieland : Double Tap ».
Là où le premier volet arrivait en pleine explosion de la mode du Zombie, cette suite débarque alors que le genre se meurt tranquillement. L’un des derniers clous sur le cercueil du film de zombie ayant été planté cette année par l’énorme « The Dead Don’t Die », de Jim Jarmusch. Le réalisateur génial venait pointer du doigt, avec perte et fracas, l’essorage massif d’un genre n’ayant plus rien à offrir. C’est dans cet état d’esprit qu’est réalisé ce « Double Tap », pleinement conscient qu’il n’y a plus grand-chose à raconter d’originale sur le genre.
Les Zombies, et après?
Du fait, Fleischer prend une orientation plutôt radicale, en se plaçant dans la lignée de son premier métrage, pour le transporter dix ans plus tard. Peu de films, si ce n’est ceux de George A. Romero, ont réfléchi à l’après. La plupart des productions se déroulent au moment où l’épidémie survient, et les zombies apparaissent. Dans « Double Tap », le spectateur est plongé dans un monde où les humains ont appris à survivre en présence des morts-vivants.
Les décors s’avèrent en ce sens magnifiques, avec la végétation qui reprend peu à peu ses droits, tout est délabré, et Zombieland est devenu un parc d’attractions où les vivants se montrent peu. En plus d’évoluer dans un environnement où il n’y a plus de civilisation, les survivants cherchent à mener une existence qui se rapproche le plus de ce qu’ils ont vécu avant la fin du monde.
Les zombies, la famille, la famille et les zombies
En ce sens, « Double Tap » pousse les réflexions abordées dans le premier, un tout petit peu plus loin. À l’amitié, et la nécessité d’unité face à l’adversité, vient s’apposer le besoin d’une forme de stabilité. Et comment créer un semblant de famille avec les gens qui partagent un quotidien des plus difficile, puisque la mort guette à chaque coin de rue ? Cette idée dans l’air du temps illustre comment se recréer une cellule familiale, au-delà de la famille nucléaire (la fameuse famille américaine présente dans la production conservatrice), pour mieux se constituer un foyer adéquat.
Ce dernier se compose alors des personnes que l’on choisit, ou qui se sont simplement présentées par hasard. Et eux aussi cherchent finalement à se stabiliser, parfois sans le savoir ? C’est autour de cette idée que tourne donc « Zombieland : Double Tap ». Mais bien entendu, comme pour le premier volet, ça, c’est ce qui concerne la toile de fond. Le film constitue avant tout une véritable comédie, drôle, avec des moments jouissifs, telle la séquence où Colombus et Tallahassee croisent leurs alter ego, qui offre un passage des plus hilarant.
Drôle et généreux sans sombrer dans la répétition
Rempli de gag de répétitions, qui provoquent facilement le rire, le film exploite toutes ses ressources pour le plus grand plaisir de son audience, certaines caractéristiques des personnages sont ainsi poussées à l’extrême. En résultent des situations improbables, forcément drôles. De plus, aux protagonistes du premier volet, de nouveaux personnages ont été ajoutés. Deux en particulier valent vraiment leur pesant de rire. Sans réinventer totalement l’univers établi dans le premier volet, il s’inscrit dans son prolongement.
Répondant aux règles définies, en les étoffant, il permet d’éviter toute redite, et empêche l’ennui. Comme il s’avère souvent le cas avec des œuvres « déjà-vu ». Cette version de 2019 se montre étonnamment fraîche et absolument pas cynique. Évitant tout écueil facile, pour s’éclater avec son matériau de base. Une franche réussite donc que ce « Zombieland : Double Tap », qui démontre une fois de plus qu’il est possible de réaliser des suites réussies, sans copier-coller bêtement la recette du succès.
N’attendez pas, appréciez !
Le film utilise intelligemment les dix ans de production zombiesque le séparant de son premier volet, abordant le genre avec un recul intelligent, qui fait plaisir à voir. C’est agréable lorsque l’on apprécie un genre, de constater que certaines personnes, celles qui possèdent le pouvoir de donner naissance à ces productions, ont parfois l’œil vigilant et sincère. On se sent tout de suite moins pris pour des buses.
Vivement 2029 pour le troisième volet !
Pour en Savoir Plus
Zombieland : Double Tap sur IMDB
Zombieland : Double Tap sur Rotten Tomatoes
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