Steve Miner, U.S.A, 1981, 87 min
Après l’énorme succès de « Friday the 13th », il était évident qu’entreprendre la suite n’allait pas attendre. C’est chose faite 11 mois après, avec la sortie du sobrement titré « Friday the 13th : Part 2 ». Le film débute par une récap’ de la fin du précédent, qui dure quand même six minutes, durant lesquelles le public est replongé directement dans l’horreur.
Par une connexion directe avec son prédécesseur, le métrage reprend sur le personnage d’Alice, de retour chez elle après cette expérience particulièrement traumatisante. Rappelons qu’elle a décapité une vieille dame à coup de machette. Ça peut laisser des traces au quotidien. À mesure que la séquence se passe, un élément, absent en 1980, fait son apparition : « ATTENTION !!! Le chat… », accompagné d’un violon strident inutile. Le jump scare qui ne sert à rien est arrivé.
Une suite comme un copier/coller
Pour ce qui est du récit, il reprend le schéma du premier, dans ce qui demeure une redite, au point que les conventions des ados/moniteurs du premier refont ici surface. Des jeunes, autour d’un feu de bois, se racontent des histoires qui foutent les pétoches, en faisant chauffer leurs Marshmallows au-dessus des flammes. Cela est suivi d’une sexualisation un peu outrancière des corps, ce qui s’avérait plutôt soft dans l’original, mais demeure particulièrement présent ici. À noter cependant la présence d’un personnage en fauteuil roulant, c’est là un élément qui permet d’aborder la question du handicap, bien que le film creuse assez peu cette voie…
Alors, aller prendre un bain de minuit intégralement nu, c’est pas une bonne idée. S’isoler pour s’envoyer en l’air, c’est une très mauvaise idée. Jouer de l’harmonica en plein coït en fumant des joints, c’est pas du tout une idée correcte. Et la moins bonne idée parmi toutes ces mauvaises idées, c’est ce besoin irrépressible de vouloir s’échapper du groupe :
_ » Attends, je dois aller dehors dans le noir, seule, pour changer de pull et de culotte, puis mettre du parfum, avant qu’on envisage les choses sérieuses, même si nous étions sur le point de les réaliser. Et tant que j’y suis, je vais en profiter pour passer à la voiture, en petite culotte bien entendu, afin de fouiller la boîte à gants. Ne bouge surtout pas. Je reviens tout de suite, et en petite culotte. »
Pas trop de suspens sur ce genre de comportement, venant d’une ado un petit peu trop perverse, en général, sous cette conjoncture, ils reviennent rarement. Déjà s’installe l’idée du cliché redondant, même si en 1981 il est encore acceptable. Mais ce n’est pas là le seul élément que le film met en place, puisqu’il prend (un peu) le temps d’instaurer son boogeyman légendaire. Si dans l’ensemble le tueur, que le public ne connaît pas, use avant tout du couteau, le coup de lame en pleine face devient néanmoins une marque de fabrique de la saga.
Le tueur sanguinaire fait également preuve d’imagination, comme lorsqu’il surprend un jeune couple, entièrement nu, dans un lit, et qu’il les harponne de toute sa force. Il n’hésite jamais à innover, utilisant tout ce qui lui tombe sous la main, comme une sagaie, une fourche, une pelle ou bien une pioche. Le responsable des meurtres dans ce second volet n’est pas montré, reprenant la vue subjective du premier film. C’est un homme, massif, qui porte sur le visage un sac en toile de jute, accroché autour de son cou par une corde, avec un trou qui laisser passer un œil. Cela laisse deviner que sous ce masque de fortune se trouve un personnage au faciès compliqué.
Un faux suspens pour donner de la texture à un série B convenue
Pas de suspens inutile, puisque de toute façon c’est sa franchise, le tueur n’est autre que Jason. Il semble revenu des morts, sans explications et avec un corps adulte musculeux, bien qu’il soit mort à l’âge de 10 ans. À partir du moment où le personnage est identifié comme tel, la saga bascule directement dans le surnaturel. Contrairement à « Friday the 13th » qui possédait une touche de réalisme, l’arrivée de Jason met en place le mythe.
En tant que boogey man, il ne détient pas encore son identité propre. Agissant tel un Michael Myers au rabais, avec son masque tout pété, il demeure plus un brouillon du Jason entré dans la culture populaire. Il s’avère encore peu élaboré, comme en témoigne ce sac sur la tête qui impressionne peu, qui n’a pas l’air pratique et au travers duquel il ne doit pas voir grand-chose.
Un antagoniste peu aidé par ses victimes
Il est ainsi opposé à Ginny, une finale girl des moins convaincantes. Une cruche de compétition, pas douée pour un sou. Pour exemple, ce passage où elle peut sauver la vie de son petit ami, au coude à coude avec Jason, elle reste les regarder se débattre, criant le nom de son bien-aimé, entre les cris. Cela est bien entendu d’une aide précieuse. Le fait qu’elle ne cesse de crier, c’est strident en plus, montre que le film tombe déjà dans le cliché de la Scream queen fonction.
Le vice est même poussé par le scénario de Tony Kurz, qui ne rend pas du tout hommage au rôle, puisque, à la merci du tueur, Ginny finit par s’uriner dessus. Elle trouve pourtant une tronçonneuse, une arme capable de mettre Jason hors d’état de nuire, et bien elle ne fait que reculer, préférant lui éclater une chaise sur la gueule pour l’assommer. Cela s’avère, sans surprise, d’une inefficacité totale. Pour récapituler : le mec a buté tous ses amis, il est dangereux, elle a une tronçonneuse et… rien.
_ « Zut la batterie de la voiture est à plat… » Voilà qui demeure bien embêtant.
Une volonté, néanmoins, de marquer les esprits
Classique dans son déroulé, reprenant pas mal son prédécesseur, « Friday the 13th : Part II » n’évite pas quelques écueils appelés à devenir des clichés du genre, qui en 1981 montrent déjà leurs limites… La dernière séquence copie ainsi quasiment tout le premier film, en inversant juste les protagonistes. Jason prend alors la place de Mrs Voorhes, et la mort de cette dernière devient la raison de la vengeance du rejeton.
Dans une variation encore plus glauque de « Psycho », Ginny découvre un petit autel fabriqué par Jason dans un baraquement abandonné. Dessus se trouvent des bougies ainsi que la tête en décomposition de sa maman. Les influences du tueur Ed Gein, de « Texas Chainsaw Massacre », et du film d’Hitchcock s’avèrent indéniables. Comme un écho dans la production, véhiculant un thème familier du public qui se retrouve dès lors en terrain connut.
Jason Bates et Norman Voorhes
Avec ce second volet, le premier comportant les méfaits de Jason, la variation de « Psycho » se montre plus claire, et place le métrage dans une suite de productions logiques. L’exploitation à outrance que connaît le slasher en ce début de décennie, apporte avec elle de nouvelles mythologies cinématographiques, en leur donnant accès très directement à la culture populaire.
Dans sa dimension structuraliste, Jason se présente comme l’évolution d’un Norman Bates. De la simple silhouette dont on ignore tout, durant une majeure partie du film, il se révèle être un personnage riche avec un background. Surtout, il est entouré d’un mystère qui le présente comme une entité redoutée. Il émane de Jason une aura surnaturelle, qui sur des fondations préexistantes (Norman Bates, Leatherface, Michael Myers) évolue en ce nouveau visage de l’horreur.
Une œuvre qui a du mal à exister par elle-même
« Friday the 13th Part 2 » se révèle une œuvre trop calée dans la continuité de son aîné. Ce n’est pas encore un film faisant partie d’un tout, soit la saga amenée à confectionner Jason comme une entité horrifique aussi emblématique que les monstres classiques de la Universal, ou de la Hammer. Il s’avère parfois bancal, souvent répétitif, même s’il se montre plus généreux dans le gore, en conservant cette idée de train fantôme en fin de métrage, telle une débauche horrifique, dont le seul but semble être de divertir.
Body Count : 11 (dont 10 de la main de Jason) + Jason laissés pour morts par Ginny.
Record égalé en 1 h 2.
To be continued… again..
Pour en Savoir Plus
Friday the 13th Part 2 sur IMDB
Friday the 13th Part 2 sur Rotten Tomatoes
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