John Carl Buechler, U.S.A, 1988, 88 min
Deux ans après un exceptionnel épisode six, la saga revient sous une forme bien plus classique, puisque « Friday the 13th Part VII: The New Blood » renoue avec le ton de la franchise, et se place dans sa continuité dès le départ. En un petit montage de trois minutes, les évènements sont récapitulés avec des extraits des précédents films, en particulier la fin du précédent. Y sont exclus de ce montage des images de « A New Beginning », qui semble désormais complètement évincé du canon.
Sorti l’année où le slasher s’est effondré, la faute à une exploitation intensive qui a entièrement essoré le genre, son heure de gloire est passée. 1988 est marquée par le retour raté de Michael Myers avec « Halloween 4 : The Return of Michael Myers », sept ans après sa dernière apparition. C’est aussi l’année de « A Nightmare on Elm Street 4 : The Dream Master », qui peine à convaincre la critique. La mode semble passée.
Quid de ce septième volet des aventures meurtrières de Jason Voorhes ? Et bien, ce n’est pas dingue. Le film revient à une formule des plus classiques, et de fait, un peu datée, même si une petite nouveauté est apportée, puisque l’héroïne, Tina, possède des pouvoirs télékinésiques. Cet élément n’engendre pas grand-chose, et apparaît finalement plus comme un gadget pour justifier l’ensemble.
Par une vaine tentative de faire du neuf, avec les pouvoirs de Tina, le film ne fait qu’accumuler des clichés, peu raccords avec le propos. S’y ajoute en plus des meurtres qui vont souvent de pair, annihilant tout suspens. Si des personnages secondaires vont se baigner, avec un plan sur les joints, et une jeune femme qui se dénude, il est certain que les deux vont y passer.
« Un couple fait l’amour dans un bois de nuit ? Mais qu’est-ce qui va bien pouvoir leur arriver ? » C’est autour de ce schéma répétitif que se construit « Friday the 13th Part VII: The New Blood », qui 1988 est déjà dépassé. Au bout de 7 films et une longévité de 8 ans, la recette est plus qu’éculée, et montre à quel point la saga peine à se renouveler.
« Jason Lives », en plus d’être le meilleur de la série, semble en être paradoxalement le fossoyeur, puisqu’aucune des suites n’atteindra son niveau. Il a mis la barre trop haute pour un pauvre cinéma d’exploitation, qui préfère en revenir aux écueils, dans lesquelles se vautre ce septième épisode. C’est un retour dans une démarche plus classique, avec une ambiance plus sérieuse, sans aucun mystère sur le déroulé de l’intrigue… Depuis trois films déjà la saga tâtonne entre le pire (« A New Beginning ») et le meilleur (« Jason Lives »), qui sont placés dos à dos !
Adolescente, Tina sert de rat de laboratoire à un psychiatre détestable, qui l’abuse psychologiquement, pour la pousser à utiliser son « pouvoir ». C’est ici l’intrusion du monde des adultes, ils attendent des ados qu’ils prennent des choix de vie, dans l’optique de s’assurer le même confort que leurs ainés. Cette inquiétude, inhérente au rôle de parent, met une pression sur l’existence d’individus en plein changement hormonal. À une période complexe vient la nécessité de choisir la personne que l’on peut, ou veut, être.
Par sa colère, Tina réveil Jason qui revient des profondeurs du lac. Il est interprété par le cascadeur Kane Hodder, qui prête les traits de son corps monstrueux à un personnage qu’il incarne jusqu’en 2000. C’est là l’un des meilleurs Jason, beaucoup plus violent et brutal, se radicalisant à mesure que le genre tombe en désuétude. Mention spéciale au meurtre où Jason emprisonne une jeune femme dans son duvet et l’éclate conte un arbre, sans concessions.
L’interprétation et la représentation de Jason, similaire au précédent, impressionnent à chaque apparition. C’est le gros point fort de ce volet qui iconise un Jason dont le style zombie est cultivé. Laissant apparentes des parties putrescentes de son corps, à travers une tenue en lambeau. Comme dans le VI, il ne pousse plus de gémissement, il ne s ; n’en échappe plus aucun bruit, mutique au possible, il devient une simple silhouette spectrale.
Le film renoue également avec les moments forts qui font étales de toute la brutalité du personnage, comme un classique coup de hachette en pleine gueule. Mais c’est aussi le retour du Jason le bricoleur, qui se confectionne une crosse de hockey avec une lame au bout, histoire de jouer à fond sur le folklore sportif. Il bricole également un rotofil avec au bout une scie circulaire.
C’est d’ailleurs avec cette arme spectaculaire qu’il élimine le docteur, un éminent représentant d’une institution en faillite, aveuglée par sa réussite personnelle, au point de mettre Tina en danger. Mais il se révèle en couard manipulateur, ce qui est donc puni d’une mort atroce par notre dévoué Jason, à qui on ne la fait pas.
La final girl est une parfaite opposition à Jason, qui ne comprend pas tout ce qui lui arrive. Lors d’une ultime séquence horrifique, Tina se révèle après l’accomplissement d’un parcours initiatique violent, dans les règles du slasher. Cela donne lieu à cette scène amusante, où son petit ami lui tend une main pour l’aider à passer un obstacle. Elle ne le regarde pas, elle n’attrape pas sa main, et passe l’obstacle sans difficulté. Well done girl !
Elle n’a pas besoin du mâle alpha pour exister. Dans une saga qui a débuté en étant critique du pouvoir masculin et son emprise sur les femmes, cet épisode montre que des leçons ont étés retenus. Forte et intéressante, Tina est un personnage qui évolue tout au long du récit. Apprenant à maîtriser ses pouvoirs, parallèlement à l’épreuve qu’elle affronte : Jason.
Malheureusement, « Friday the 13th Part VII: The New Blood » manque d’une cohérence de fond. Beaucoup de meurtres n’ont aucun impact sur l’histoire, et n’ont très clairement lieu que pour remplir un cahier des charges. C’est un volet qui ressemble un peu à un retour en arrière. Ce n’est pas le plus mauvais film de la franchise, c’est même un slasher plutôt correct. Mais il donne l’impression d’avoir 4 ou 5 ans de retard, car dans l’ensemble il apparaît très daté en fait.
Pour exemple dans les dernières minutes de films, il se retrouve cette idée de train fantôme, avec les cadavres qui tombent de partout sur le chemin de Tina. Cette séquence rappelle du déjà vu, dans le premier volet en 1980, et de la revue dans les suites, comme cette scène où trois couples s’adonnent simultanément au coït, alors que Jason approche… C’est convenu, c’est attendu, c’est too much.
De plus, le film plonge dans des écueils par ailleurs faciles à éviter. Les protagonistes vivent à côté de Crystal Lake, un endroit où il y’a eu des centaines de meurtres, pourtant ils continuent à agir comme des débiles. Un bruit suspect dans la nuit ? Et bien, ils vont voir. N’importe qui résiderait aux alentours de Crystal Lake serait un minimum méfiant quand même… mais nan, car nous sommes arrivés dans une ère d’exploitation sans ampleur.
Film moyen, mais pas vraiment raté, c’est juste une suite banale qui ne tient que par la présence de son tueur iconique, sans quoi il n’aurait absolument aucun intérêt.
Body count : 17 + 1, noyé accidentellement par les pouvoirs télékinésiques de sa fille Tina + Jason laissée pour mort au fond de Crystal Lake, par le père de Tina revenu des profondeurs. Oui, c’est improbable… mais c’est comme ça que ça se termine.
19 morts, pour un casting ne comptant que 21 comédiens… Balèze.
To be forget…
Pour en Savoir Plus
Friday the 13th Part VII: The New Blood sur IMDB
Friday the 13th Part VII: The New Blood sur Rotten Tomatoes
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