À L’Intérieur

Alexandre Bustillo & Julien Maury, France, 2007, 77 min

Certainement le meilleur exemple de la nouvelle vague horrifique française des années 2000, « À L’intérieur » a même eu un fort écho à l’étranger. Et oui, à une époque, la production d’Horreur à la française, ça faisait rêver ! Plus proche du film d’auteur gore expérimental qu’autre chose, le métrage d’Alexandre Bustillo et Julien Maury demeure un objet radical et extrême, à réserver à un public averti.

Alysson Paradis dans À L’Intérieur
Quand on pense qu’on va encore avoir a faire à un mélodrame à la française

Sans jamais dévier de leur concept, les deux cinéastes entrainent leur audience au plus profond de l’horreur. Cette dernière prend plusieurs formes, puisque par exemple en toile de fond il y a (encore) la présence des banlieues en feux. Reprenant là le contexte de « Frontière(s)» ou de « La Horde ». Mais d’un événement national et qui existe depuis si longtemps, ils réduisent leur propos à une femme, dans une maison. Le parallèle s’avère particulièrement fin, et ne tient que par le détour de détail en arrière-plan. Cependant, il se révèle omniprésent durant tout le récit. Ça ancre le sujet dans son contexte, et surtout dans notre époque, favorisant ainsi un sentiment de réel, là où on préférerait certainement du fantastique.

Ça va trancher chérie !

Dès les premières secondes du film, Bustillo & Maury annoncent la couleur (rouge, ha ha), et ne prennent personne en traite. Il est très clair que ça ne va pas ressembler à une énième interminable comédie déjà vue depuis Pagnol dans les années 1920. Ici ça tranche, ça saigne, ça arrache, les chairs sont meurtries, les cranes explosent, ça retapisse tout en carmin, sans donner dans la joie et la bonne humeur. En effet, le métrage se déroule sur un premier degré audacieux, du début à la fin, et ne dévie jamais vers le gore fun, ce qui rend l’expérience d’autant plus marquante.

Béatrice Dalle dans À L’Intérieur
Ce qui est bien avec Béatrice Dalle, c’est que si on aime ou pas, c’est toujours sans conditions

Là se trouve le principal point fort de « À L’intérieur », c’est qu’il ne se laisse jamais dépasser par ses effets techniques qui auraient plus viré au grossier. C’est maîtrisé du début à la fin, ça reste sérieux, et la tension monte crescendo. Si vous ne pouvez pas soutenir la première effusion de sang, particulièrement macabre, il est inutile de poursuivre le film. La tension ne retombe jamais, les morts deviennent de plus en plus graphiques, jusqu’à finir dans une apothéose qui donne la gerbe. Oui, il est déconseillé de manger avant, ou pendant, la séance.

Vous êtes sûr que c’est un film français de France ?

Le défaut réside malheureusement dans l’interprétation, à l’instar d’une particulièrement peu convaincante Alysson Paradis. C’est un premier film, et la direction d’acteurices représente sans doute l’une des facettes es plus compliqué d’un tournage. Mais c’est dommage, puisque la prestation envoûtante de Béatrice Dalle, qui vous filera plus d’un frisson, amène le métrage vers des cimes horrifiques. Nicolas Duvauchelle s’en sort lui aussi plutôt bien, comme à son habitude. Mais c’est sans doute un détail, et en plus d’être vite oublié, ça n’a pas trop d’impact sur l’expérience dans son ensemble.

Des ciseaux dans À L’Intérieur
Vous ne verrez plus des ciseaux de la même manière après ce film…

Donnant dans le genre du Home Invasion, particulièrement hardcore, « À L’intérieur » creuse sa thématique principale (en lien avec la grossesse, le deuil et la déliquescence d’un monde devenue complètement) jusqu’au bout. Au point même qu’il essorer son propos par une radicalité qui aboutie sur un plan final absolument terrifiant, qui hante longtemps après la fin du visionnage. Coup d’essai, coup de maître, malheureusement Alexandre Bustillo et Julien Maury ne parviendront pas par la suite à retrouver cette âpreté et ce jusqu’au-boutisme viscéral. Cela témoigne certainement d’un mode de production laissant encore un peu de liberté à des auteurs qui avaient quelque chose à dire, ou du moins à montrer, avec fracas et hémoglobine.

Pour en Savoir Plus

À L’intérieur sur IMDB

À L’intérieur sur ShadowZ

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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