IT

Andy Muschietti, U.S.A, 2017, 135 min

Cette nouvelle version, cuvée 2017, de « IT » (paru en 1986) mise en scène par Andy Muschetti (le très mauvais « Mama », c’était lui), et bien elle a le cul entre deux chaises. Ne sachant jamais vraiment s’il peut/doit se réapproprier l’œuvre du maître, Muschetti hésite sans arrêt entre prises de liberté audacieuses, et une méchante envie de ne pas trahir le récit initial. Le film rebondit ainsi entre une adaptation qui se veut le travail d’un auteur, et un cahier des charges à respecter pour ne pas blesser la fan-base de Stephen King.

Les looser et leurs vélos dans It
Le Breakfast Looser Hellfire Gang

Stephen King est certainement l’auteur américain le plus adapté au cinéma comme à la télévision. C’est bien simple, la quasi-totalité de ses romans a connu les joies d’une transposition sur le média visuel. Avec plus (« Shining ») ou moins (« Dreamcatcher ») de réussite. Avec une bibliographie abondante, l’auteur originaire du Maine reste une valeur sure pour les Studios. Ces derniers peuvent capitaliser sur du contenu existant, sans prendre trop de risque, sur sa notoriété. Se faisant, il arrive régulièrement sur nos écrans de bonnes (« The Mist ») et de moins bonnes (« The Dark Tower ») réalisations.

Une production trop sclérosé dans son genre

Avec une mise en scène faisant preuve d’une certaine arrogance, Muschetti tente d’insuffler de l’ampleur au travers de plans hyper inspirés par le cinéma de Spielberg. Il va même jusqu’au point de reprendre des séquences entières. Mais jamais, absolument jamais, il ne parvient à transcender l’écrit de King, pour que le film corresponde à sa vision auteuriste. À grand coup de violons et de jump scare (en veux-tu ? En voilà !), « IT » peine à faire réellement peur. Du coup, la parade est d’augmenter subitement le son, pour appuyer les cris et les hurlements, pour provoquer le sursaut… Cette parade s’impose comme un aveu de faiblesse, dont l’unique conséquence est de passer son temps à jouer avec la télécommande, pour ne pas réveiller ceux qui dorment, où se fiche du film.

Finn Wolfhard dans IT
Décidément, Mike Wheeler aura eu l’adolescence la plus traumatisante du monde

Mais si une chose peut difficilement se voir reprocher à « IT », c’est une certaine générosité dans l’horreur. Sans réellement tomber dans le gore qui tâche, certaines scènes demeure tout de même relativement marquantes. Mais il y a dans l’ambiance un je ne sais quoi de trop propre, de trop calculé. Il manque une véritable âme, du culot ou de l’audace, puisqu’il se contente d’accumuler références et clins d’œil appuyés. Il emprunte le biais des fameux « Easter Eggs » que tout le monde s’arrache… transformant le film en une œuvre méta mal dégrossie.

Une œuvre impersonnelle et générique

« Psychose », « Shining », « E. T », « Poltergeist », « Evil Dead », « Nightmare on Elm Street », « Les Goonies », « Stand by me »… La liste s’avère longue, et loin d’être exhaustive. Il cite beaucoup, mais Muschietti ne parvient pas à retrouver le charme désuet et presque innocent des années 1980, comme l’image beaucoup trop clean pour offrir l’illusion des années 80. Elles ressemblent pas mal aux années 50, et ces gamins ne sont clairement pas dans les eighties. Hyper référencé, le métrage passe ainsi son temps à citer, sans essayer de proposer du neuf. Le spectateurices se retrouve par conséquent embarqué dans un film de fan, emballé par un auteur qui (avec passion, ce n’est pas la question) fait appel à sa culture personnelle, que l’on doit être nombreux à partager. Ça fait toujours plaisir, mais ce n’est pas ça le Cinéma.

Des toilettes qui explosent du sang dans IT
Heureusement, le film a quelques plans bien sentis ! Ce qui le rend d’autant plus frustrant…

Un film doit pouvoir proposer du contenu, et ne pas se contenter de livrer des redites. Ça, c’est bon pour une première réalisation, ou pour des productions amateurs. Mais pour un gros budget comme « IT », c’est maladroit et puéril. Et cette démarche s’avère de plus en plus lassante, car de bons films d’épouvante dans ce genre, il en existe des centaines, bien supérieurs. Noyant l’effort de Muschetti dans une masse conformée un peu vaine, mais non dénuée d’une réelle volonté, traduite par une générosité qui semble authentique. Toutefois, à bouffer à tous les râteliers le spectacle horrifique s’avère, par moment, efficace et tiens bon grès/mal grès toutes ses promesses.

Sommes-nous en droit aujourd’hui, en tant que spectateurices, d’exiger mieux de la production cinématographique populaires ?

À l’image de cette séquence finale totalement banale, elle passe à côté de la conclusion chelou du roman de King qui avait le mérite de bousculer son lectorat. Son message demeure le même que dans le film, mais n’en a plus la même portée. Il semblerait que oui, on peut, car il est temps qu’Hollywood propose plus fréquemment des œuvres originales. Et ce constat global reste valable pour toute la production américaine, qui n’est désormais plus le Cinéma dominant. Il se passe bien des choses de meilleure qualité ailleurs. Mais malheureusement, ça ne trouve pas de diffusion et de promo aussi importante, et c’est bien moins marqué du sceau « populaire ». C’est dommage. Le public mérite quand même un peu mieux qu’un simple best-of, tout aussi bien réalisé soit-il. 

Bill Sarksgard en It dans IT
« Qui a osé dire du mal du film ? »

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Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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