Zombieland

Ruben Fleischer, U.S.A, 2009, 88 min

Lors de sa sortie, « Zombieland » se place dans un effet de mode, apparu au milieu des années 2000 en Angleterre, lorsque’Edgar Wright mit en scène son premier métrage : « Shaun of The Dead ». Cette comédie romantique répondant aux codes du film de zombie, dont l’impact se fait encore sentir aujourd’hui, permit à George A. Romero, père du genre, de réaliser en 2005 une suite à sa trilogie laissée inachevée en 1985.

Des zombies dans Zombieland
Des zombies et du fun : Bienvenue à Zombieland !

S’en suit un phénomène de mode, alimenté par le comics « Walking Dead », puis son adaptation en série, suivi de toute une flopée de films de zombie, aux qualités très variables. Les années 2010 ont clairement été marquées par le genre, au point de trouver un peu tout et n’importe quoi, et dans toutes les nationalités. Français (« La Horde », 2009), Mexicain (« Juan of the Dead », 2011), Coréen (« Dernier Train pour Busan », 2016), Japonais (« One Cut of the Dead », 2017), Australien (« Little Monsters », 2019), et la liste reste longue…

Une gaudriole sous influence

En 2009, influencé par le succès de « Shaun of the dead », de l’aveu même de Ruben Fleischer, arrivait sur les écrans « Zombieland ». Il se présente comme une revisitation sympathique, et diablement efficace, du film de zombie, aux airs de redite qui en cachent bien plus. Prenant l’angle de la comédie, le métrage se fait absolument plaisir avec les codes d’un genre devenus très rigides. Cela explique pourquoi nombre de films de zombie se ressemblent autant.

Les protagonistes dans Zombieland
Un quatuor de personnages attachants et bien écrits, ça fait du bien !

« Zombieland » met en avant quatre protagonistes, qui auraient pu juste demeurer des personnages fonctions, mais l’alchimie qui se crée entre eux change tout. Colombus l’intello qui pense à tout, Tallahassee le bourrin légèrement sociopathe, Wichita la femme mystérieuse et Little Rock la petite de caractère, deviennent ainsi complémentaire au fur et à mesure que le métrage avance. La complicité entre les différents protagonistes se dessine, et face à l’adversité, qui constitue le message principal de l’œuvre, ils perçoivent l’importance de faire équipe. Ils témoignent de la nécessité de s’épauler, tout en laissant ou en acceptant, les différences de chacun.

C’est tout con, mais moins con que ça en a l’air

« Zombieland » c’est plus qu’un simple survival en milieu zombie, c’est une réflexion sensible sur le rapport à l’autre. Pour exemple, Colombus (interprété par Jesse Eisenberg) est un geek solitaire, dont les compétences sociales sont loin d’être aiguisées. Il en va de même pour Tallahassee (l’excellent Woody Harrelson), présenté comme un solitaire, il ne reste pas insensible à la compagnie de son compagnon de fortune, même s’il essaye de montrer l’inverse. Ensemble, ils forment un duo contre nature, qui de fait fonctionne parfaitement.

Woody Harrelson et Jesse Eisenberg dans Zombieland
Woody Harrelson et Jesse Eisenberg forment un duo… Peu commun

Au-delà de son propos de fond, développé tout au long de l’heure et demie, « Zombieland » se permet l’audace de proposer un film de zombie jouissif et fortement efficace. C’est généreux dans le gore, et ça ne lésine jamais sur les effets sanglants. C’est impeccablement rythmé, avec très peu de temps mort. Mais quand la frénésie retombe, en général c’est pour proposer des moments de comédies vraiment bien sentis. Le caméo de Bill Murray réserve en ce sens une surprise très drôle, et qui permet au métrage de respirer, et l’audience avec lui.

Les zombies courent et les trains sifflent trois fois

Pour la conception des zombies, ils sprintent, ce qui place le film dans la ligné de la version 2004 de « Dawn of the dead ». Cet excellent remake de Zack Snyder dépoussiérait alors le genre, en apportant cette nouvelle manière d’aborder le mort-vivant. Pour la part de votre rédacteur, il est moins fan des zombies qui courent. Il trouve que cela retire toute l’ambiance mortifère, et la lenteur de la mort qui se répand inlassablement sur le monde. Cela peut également être vu comme une forme de fainéantise.

Abigail Breslin et Emma Stone dans Zombieland
Abigail Breslin et Emma Stone sont les garanties bad ass du métrage !

Mettre des zombies qui sprintent, tout de suite ça rend l’angoisse plus prégnante, puisque la menace se montre plus incisive. Néanmoins, il faut admettre que pour « Zombieland » cet élément est plutôt bien exploité, grâce aux règles qu’a élaborées Colombus afin de survivre à l’apocalypse zombie. La première de ces règles étant le cardio, il devient très clair que le film joue tout de suite sur la dérision. Et dès lors, les zombies qui courent se révèlent une part entière d’un univers parfaitement codifié. Et dans ces cas-là, ça passe mieux.

Sans plus, le film se démarque pourtant

Le métrage de Ruben Fleischer possède son propre fonctionnement, élaboré dans le but de raconter son histoire. Si les clins d’œil sont nombreux, et la dérision toujours en ligne de mire, l’univers développé se révèle des plus cohérents et permet de servir un récit efficace, qui ne prend pas son spectateur pour une buse. Ainsi, dans la masse des productions zombiesques, dont beaucoup se ressemblent, sans parvenir à ne se démarquer d’aucune sorte, « Zombieland» demeure une œuvre honnête, drôle, et surtout jouissive. Démontrant qu’il est possible de proposer un spectacle gratifiant, même avec du vieux, sans trahir l’essence même d’un genre über codifié, comme l’est le film de mort-vivant.

Pour en Savoir Plus

Zombieland sur IMDB

Zombieland sur Rotten Tomatoes

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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