Margaux

Steven C. Miller, U.S.A, 2022, 104 min

L’idéal avec les productions d’exploitations et leurs cinéastes spécialisés, c’est que l’on est rarement déçu. Le principe même du film d’exploitation consiste à reprendre ce qui est populaire et qui a du succès. Lorsque la mission est offerte à un vrai passionné du genre, comme Steve C. Miller, c’est l’assurance d’un film fun, léger, avec un message de fond. Plus ou moins fin, on s’en fiche un peu, même si c’est toujours un petit plus. « Margaux » n’échappe pas à la règle de la filmographie du cinéaste, c’est généreux.

Madison Pettis dans Margaux
Hannah (Madison Perris) est une jeune adulte en décalage, introduite comme telle

Le récit est posé durant environ une heure de métrage, qui prend ainsi le temps de développer ses personnages, en piochant un peu dans toutes les conventions possibles. Le Teen Movie est le plus flagrant, puis le Slasher, le Home Invasion (inversé pour le coup) et le Survival. Il y a un goût de déjà vu, et c’est normal, car « Margaux » n’existe pas pour son originalité, le film se veut efficace, et proposer un spectacle divertissant, rien de plus. À partir de là, si tout ce que l’on demande c’est de ne pas avoir à trop réfléchir, il n’y a plus qu’à se laisser divertir.

Ça ne se veut pas original ! Maintenant on peut discuter.

Brassant tout un catalogue de la production horrifique bien établie (et même de la S-F, mais aujourd’hui le sujet se placer dans le présent), Steven C. Miller s’amuse. En donnant une dimension quasi organique à l’intelligence artificielle qui se lance dans un jeu de massacre avec les locataires d’une maison sure connectée, c’est presque un film de monstre. Comme une sorte de best of de plein de trucs, le réalisme n’est jamais de mise. Les explications encore moins, puisque peut importe, l’audience ne vient pas là pour une leçon, mais pour voir des gens se faire massacrer.

Jedidiah Goodacre dans Margaux
Pouruqoi la reconnaissance faciale ça ferait peur ?

Avec sa mise en scène toujours très maîtrisée, Miller parvient à poser son ambiance, rendant cette maison totalement aseptisée et sans caractère, en véritable piège mortel. Il utilise alors tous les outils à sa disposition pour explorer des thématiques constamment bonnes à aborder, comme trouver sa place dans un groupe, et à plus haut lieu, dans le monde. Tout le récit sert ainsi d’allégorie sur le parcours d’Hannah, une étudiante en fin d’étude qui ressent un décalage avec sa bande d’amis. Ces derniers sont ultraconnecté et leurs intérêts se résument à ceux de tous bons personnages de stoner movie.

Hannah : 1 – Reste des personnages : 0

Hannah, interprété par Madison Pettis, s’intéresse peu aux réseaux sociaux, elle est introvertie, elle apprécie sincèrement passer du temps à la bibliothèque, et elle aime secrètement l’un de ses meilleurs amis. Le film représente alors le parcours initiatique qui voit évoluer Hannah. Elle est celle qui prend son destin en main, et dont les qualités et connaissances vont permettre de s’en sortir. (Alors, ce n’est pas vraiment du spoil, puisque dès l’ouverture du film, il est très simple de déterminer qui va mourir ou pas. Ce n’est pas une œuvre originale, rappelez-vous, juste efficace). Dans un monde qui avance très très vite, elle incarne tous celleux qui ont du mal à suivre et ne possèdent pas les bonnes compétences pour faire face. En ce sens, « Margaux » attire l’intérêt, mais c’est malheureusement la seule vraie réussite du métrage.

LEs futurs victimes dans Margaux
Des tentatucles contrôlé par une IA, qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?

Le reste des personnages se révèle particulièrement (trop) conventionnel. S’il permet quelques blagues ici et là, qui fonctionne selon votre degré de tolérance, il faut admettre que dans l’ensemble il ne sert pas à grand-chose. C’est l’idée et le principe même du personnage fonction, qui existe pour livrer un propos (la scène finale en ce qui concerne « Margaux »), mais il est dommage qu’ils ne possèdent pas plus de texture. C’est là le vrai échec du métrage.

Des fois, faut juste pas chercher, juste, regardez.

Pour le reste, et bien c’est fun, le message passe en toute simplicité, les meurtres s’avèrent amusants, il y a quelques séquences juste absurdes comme il faut, et deux trois passages gores bien sentis. C’est un peu dommage qu’il n’y ait pas plus de délires graphiques, surtout qu’il y a prétexte ici à toutes les folies. Heureusement, c’est un film de Steven C. Miller et ça se termine bien évidemment en bagarre. Si les chorégraphies laissent à désirer, il y a un réel plaisir de fracasser de l’humain factice, qui n’est pas sans effet.

Une femme se prend un bon gros bucket de sang dans la yeule dans Margaux
Malheureusement ce genre de séquences sont trop rares…

« Margaux » représente typiquement le genre de production idéale quand on veut plus de films avec des IA qui pètent des câbles. C’est ce qui se fait du mieux, juste avant de sombrer dans le mauvais. Et oui, comme le « Resident Evil » de Paul W.S Anderson, même s’il demeure un poil supérieur, mais bénéficie aussi de plus de moyens. Ne jamais oublier l’importance des ambitions d’une production, car ici Steven C. Miller ne cherche pas à livrer un nouveau « 2001 : À Space Odyssey », ou à révolutionner quoi que ce soit. C’est juste une série B ce qu’il faut d’horrifique, pour vous divertir sans complexe lorsque vous n’avez plus rien à regarder.

Pour en Savoir Plus

Margaux sur IMDB

Bande Annonce

Forgé par le gore et l'horreur déviante, amateur de Slasher depuis sa plus tendre enfance, Stork est toujours là où on l'attend : devant un film, muni de sa plume et prêt à suriner le moindre métrage...

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